Ourse relâchée dans les Pyrénées : les opposants "se trompent de combat", l'animal "a toujours été présent" dans le Béarn
Malgré la colère des éleveurs anti-ours, un plantigrade slovène a été relâché jeudi dans les Pyrénées-Atlantiques. Sabine Matraire, vice-présidente de l’association Férus, pro-ours, estime sur franceinfo qu'il ne s'agit pas d'une réintroduction d'ours, mais d'un "renforcement".
Une ourse capturée en Slovénie a été relâchée jeudi matin dans les Pyrénées-Atlantiques, par hélicoptère, puisque les éleveurs anti-ours avaient organisé des barrages en vallée d'Aspe. "On déplore l'attitude de ces éleveurs, puisque la France a l'obligation de restaurer la population d'ours", a dénoncé vendredi sur franceinfo, Sabine Matraire, vice-présidente de l’association Férus (première association nationale de protection et de conservation de l'ours, du loup et du lynx en France). Pour elle, "les éleveurs n'ont jamais arrêté de cohabiter avec le plantigrade sur ces montagnes béarnaises (…). Aujourd'hui, ce n'est pas une réintroduction d'ours, il s'agit d'un renforcement", a-t-elle défendu.
franceinfo : Vous êtes dans le camp des pro-ours. Comment avez-vous vécu l'arrivée de cette ourse en Béarn ?
Sabine Matraire : On ne fait que respecter nos engagements européens. On a quand même 84% des Français qui soutiennent le maintien d'une population d'ours dans les Pyrénées. Localement, dans les Pyrénées-Atlantiques, on a 78% des habitants qui y sont favorables et 76% des habitants sont également favorables à des lâchers de femelles en Béarn. Comme François de Rugy l'a très bien dit [jeudi sur franceinfo] le monde de l'élevage et du pastoralisme en montagne est énormément aidé financièrement par la France. Aujourd'hui, ce n'est pas une réintroduction d'ours, il s'agit d'un renforcement. Depuis 14 ans, depuis l'abattage de l'ourse d'origine pyrénéenne Cannelle par un chasseur, il n'y a plus de femelle ici, mais on avait deux mâles. Les éleveurs n'ont jamais arrêté de cohabiter avec le plantigrade sur ces montagnes béarnaises. L'ours n'a jamais disparu du Béarn, il a toujours été présent.
En tout, il y a une quarantaine d'ours dans les Pyrénées, est-ce bon le chiffre ?
Oui, le dernier décompte, parle de 43 ours dont deux ici, donc 41 en Pyrénées centrales. Ils [les anti-ours] se trompent de combat en essayant d'effaroucher l'ourse qui vient d'être lâchée, car ils étaient sur les crêtes avec semble-t-il des pétards, on m'a dit qu'il y avait des fusils et qu'ils tiraient en l'air. Ils ont fait des départs de feu. Leur rôle, d'autant que ce sont souvent des responsables syndicaux, c'est de faire en sorte d'améliorer les moyens de cohabitation ou d'avoir un discours constructif pour que ceux qui n'ont pas encore mis ces moyens de cohabitation les mettent en place.
Deux ourses femelles réintroduites dans les Pyrénées est-ce suffisant pour vous ?
Non. Evidemment non. Nous ne sommes pas plus experts que les experts. On se base sur la dernière expertise scientifique du Museum national d'histoire naturelle qui date de septembre 2013 et qui estime que pour avoir une chance de viabiliser la population d'ours dans les Pyrénées, il faut lâcher au minimum six femelles, quatre côté Pyrénées-Occidentales et deux autres dans les Pyrénées centrales.
Chacun a son approche personnelle par rapport au fait d'être favorable au lâcher de femelles en Béarn. J'ai adhéré il y a 27 ans à la cause de l'ours après avoir vu une publicité associative qui disait "sauver l'éléphant d'Afrique bravo, laisser mourir les derniers ours dans les Pyrénées, zéro". Au niveau de la biodiversité, l'ours est une espèce parapluie dans les secteurs où il est présent. Il y a un respect plus appuyé de son habitat donc il y a moins d'excès au niveau de l'usage et de la pénétration humaine.
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