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"On nous accuse d'être le symbole de la société du jetable, ce n'est pas juste" : dans le Morvan, les producteurs de sapins de Noël défendent une culture raisonnée

Dans le Morvan, la plus grosse région française de production de sapins de Noël, les producteurs ont abandonné les produits chimiques il y a vingt ans et demandent le bénéfice d'une indication géographique protégée.
Article rédigé par Sophie Auvigne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Dans cette exploitation du Morvan, les sapins de Noël sont déjà étiquetés et n'attendent plus que de partir vers les salons des Français. (SOPHIE AUVIGNE / RADIO FRANCE)

Au milieu de ses sapins plantés en ligne, le président de la filière s'excuse. Rien à voir avec le prix du sapin, qui coûtera cette année 10 à 15% plus cher, à cause des frais de transport en forte hausse, mais avec les herbes folles qui repoussent entre les arbres. Auparavant, c'était très différent, "il n'y avait pas une herbe", se souvient Frédéric Naudet, à la tête de l'association du sapin de Noël naturel. Il faut dire qu'avant, les producteurs utilisaient des produits chimiques. "C'était une demande des clients. Le producteur utilisait ce qu'il avait à sa disposition." Mais les riverains et les apiculteurs ont fait pression, et il y a 20 ans, dans le Morvan, la plus grosse région française de production de sapins, certains ont mis de côté les pesticides pour faire pousser les sapins.

Une transition sans douleur selon Christophe Mauny, du groupement professionnel : "On encourageait les auxiliaires, comme les acariens, les coccinelles, tout un tas d'insectes qui sont prédateurs de ceux qui attaquent le sapin de Noël. Des parcelles saines, sans traiter... c'était facile à expliquer à l'ensemble des producteurs : des beaux sapins sans rien faire !", se félicite-t-il.

Cette production, non pas bio mais raisonnée, utilise beaucoup de main d'œuvre. D'autant que les températures particulièrement chaudes n'ont pas facilité le travail. C'est tout le problème de Jean-Christophe Bonoron, fournisseur du sapin de l'Elysée. "Au mois d'avril, on a eu des températures qui sont montées à 24°C au moment des plantations. Habituellement, ça ne dépasse pas les 15 degrés. Il faut qu'on soit présents, qu'on arrose matin et soir, c'est ça qui coûte cher", détaille le producteur.

De tout petits sapins plantés il y a peu. Ils fêteront Noël dans un peu moins de dix ans. (SOPHIE AUVIGNE / RADIO FRANCE)

"Le consommateur a besoin de savoir que le sapin de Noël ne provient pas d'un pays lointain"

Leurs efforts sont pourtant bien peu reconnus, selon Vincent Houisse. "Souvent, on nous accuse d'être le symbole de la société du jetable : couper un arbre pour quinze jours de plaisir, regrette l'ingénieur en agriculture, qui conseille 135 producteurs. Ce n'est pas juste parce que les sapins de Noël sont une zone refuge pour la biodiversité et hébergent des espèces qui sont justement en voie de disparition."

Alors, depuis 2 ans, dans le Morvan, qui fait pousser 1,5 des 6 millions de sapins produits en France, les professionnels visent une IGP, une indication géographique protégée, pour le sapin du Morvan. L'objectif : "pouvoir un peu se distinguer de la masse des sapins de Noël et mieux valoriser notre produit", explique Marie-Christine Grosch. "Depuis une dizaine d'années, le consommateur a besoin de savoir d'où vient le sapin de Noël, qu'il ne provient pas d'un pays lointain." Si leur revendication n'a pas abouti cette année, ils espèrent avoir gain de cause d'ici l'an prochain.

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