Le nombre d'appels à SOS Amitié "augmente énormément" pendant la période des fêtes de fin d'année
À l'approche des fêtes, la solitude se fait ressentir encore plus durement, alerte Alain Mathiot, président fédéral de SOS Amitié.
Un certain nombre de Français passeront seuls les fêtes de fin d'année, notamment celle de Noël pendant laquelle traditionnellement les familles se réunissent. Invité sur franceinfo lundi 24 décembre, Alain Mathiot, président fédéral de SOS Amitié, alerte sur la recrudescence des appels et sur le manque d'effectifs pour pouvoir répondre à cette détresse qui ne touche pas que les personnes âgées.
franceinfo : recevez-vous beaucoup d'appels les soirs de fête, comme Noël ou le 31 décembre ?
Alain Mathiot : Oui. Malheureusement, nous ne sommes pas assez nombreux en bénévoles. Nous sommes près de 1 600, et malgré tout ça ne suffit pas. On arrive à prendre un appel toutes les 40 secondes, mais il en arrive un toutes les 12 secondes. On a constaté que les deux ou trois derniers jours, le nombre d'appels qui arrivent augmente énormément. Le 23 décembre, il y avait 31% d'appels en plus que pendant un jour normal.
Qui sont les gens qui vous appellent ?
SOS Amitié a été créée en 1960. Son objectif premier était la prévention du suicide. Des gens qui étaient suicidaires nous appelaient, mais ce n'est plus la majorité maintenant, heureusement. La plupart des gens qui nous appellent ont soit un problème de souffrance psychique, soit un problème de solitude. Il n'y a pas seulement des personnes âgées isolées. Nous avons un système d'écoute par internet, qui fonctionne avec le chat. Il y a un certain nombre de jeunes, voire d'adolescents, qui nous appellent et qui souffrent de solitude, malgré la présence des réseaux sociaux et de tous les systèmes électroniques et informatiques qui les entourent.
Comment expliquer cet isolement ?
Pour les personnes âgées ou d'âge moyen, le problème c'est que si elles sont malades, souvent leur famille ou leurs amis les lâchent. Souvent, il y a des personnes qui se sont mises à l'écart du monde et quand on les appelle, elles nous disent que nous sommes les seules personnes à qui elles ont parlé aujourd'hui. La maladie, quand il s'agit de troubles psychiques, fait un peu peur au voisinage ou aux gens qui sont en relation avec ces personnes.
Comment évaluez-vous ce dont la personne qui vous appelle a besoin ?
Notre objectif principal c'est l'écoute, dans le cadre d'un système qui reste anonyme et confidentiel. Les personnes qui nous appellent peuvent dire exactement ce qu'elles veulent, ça n'aura aucune conséquence. Quand on raccroche, on ne sait pas ce qu'il va se passer. Néanmoins, notre objectif est de desserrer l'angoisse qui étreint ces personnes, et de faire en sorte qu'elles soient plus apaisées de leur situation. On n'est pas là pour donner des conseils ou pour juger. On est là pour être bienveillants et à l'écoute. On se centre sur la personne qui nous parle. Quand on arrive à avoir une personne moins angoissée quand elle raccroche, on est content. On ne soigne pas vraiment, mais parler d'un problème c'est déjà avoir le courage de l'aborder. C'est une énorme démarche.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.