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"Certains considèrent que la valeur d'un cadeau, c'est aussi sa valeur économique" : les défenseurs d'un Noël durable peinent parfois à convaincre leurs familles

De plus en plus de Français font le choix de cadeaux de seconde main, ou de cadeaux non matériels. Mais il n'est pas parfois pas aisé de persuader ses proches.

Article rédigé par Sophie Auvigne - Édité par Noémie Bonnin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des cadeaux de Noël sous le sapin (illustration). (ANNE ORENSTEIN / RADIO FRANCE)

Dix ans que Moïse demande à sa famille un Noël sans rien à déballer : "On est sept frères et sœurs, donc ça fait beaucoup beaucoup de cadeaux à aller chercher, explique-t-il. Les fêtes de Noël sont des moments de forte consommation, mais certains refusent cette logique. Plus de 50% des Français se disent prêts à offrir un objet de seconde main, selon une enquête Kantar pour eBay.

"Donc j'ai essayé d'introduire au sein de la famille de ne plus faire de cadeaux. Alors au début, je leur avais proposé de mettre un peu d'argent sur un compte en banque pour se payer des vacances tous ensemble quand on a assez d'argent, mais ça n'avait pas été accepté."

Ils tenaient à ce rituel des cadeaux sous le sapin.

Moïse

à franceinfo

Mais Moïse n'a pas abandonné son idée : "Alors je suis revenu à la charge, en proposant qu'on loue un gîte pour Noël où on se retrouverait tous ensemble, un cadeau qui ne serait pas matériel et cette proposition-là a été acceptée à l'unanimité." Mais tout est à recommencer pour Moïse, depuis l'arrivée de sa fille il y a un an, couverte de cadeaux par la famille.

Des cadeaux faits main

Chez Aurore, au troisième enfant, le pli a été pris : Emmaüs, les ressourceries, le site du boncoin, les jouets donnés par les amis... Le père Noël sait où se fournir, mais ça n'est pas toujours bien compris. "Économiquement, ça nous revient extrêmement peu cher Noël. D'ailleurs, c'est ça qui fait qu'autour de nous c'est compliqué. Il y a des gens qui considèrent que la valeur d'un cadeau, c'est aussi sa valeur économique et qu'il faudrait qu'il y ait une valeur économique très importante pour leur prouver à quel point on les aime."

Aurore privilégie les fabrications maison : "On fait beaucoup de choses main, on cout des petits objets du quotidien, des déguisements, des habits de poupée, qu'on offre ensuite."

Peut-être qu'on passera aux yeux de nos enfants pour des hippies qui sont passés à côté de la société de consommation, tant pis ! On aura essayé en tous cas.

Aurore

à franceinfo

Emmanuelle Vibert observe cette tendance depuis 15 ans, mais la spécialiste du sujet et autrice du livre Mon défi rien de neuf constate un changement d'échelle : "Acheter seconde main n'est plus un tabou, quelque chose de sale, ou quelque chose pour les fauchés, les marginaux, affirme-t-elle. Aujourd'hui au contraire, on dit 'regarde le beau cadeau d'occasion que je t'ai fait, il économise du CO2, de l'eau, des matières premières', donc ce sont des cadeaux qui sont bourrés de sens et qui coûtent moins chers en plus."

"Mais on peut aussi aller aux puces, acheter des objets de luxe, ça s'appelle le vintage, plus le seconde main, on lui donnera d'autres noms, poursuit Emmanuelle Vibert. Mais c'est toujours possible de faire à la fois luxueux et seconde main."

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