"Hollande, dégage !" : dans les cortèges syndicaux, un air de défiance
Deux principaux cortèges syndicaux ont défilé à Paris pour la Fête du travail. L'occasion pour de nombreux manifestants d'exprimer leur colère, leur déception et leurs revendications. Reportage.
Le ciel est gris sur la place de la Bastille, à Paris, en ce 1er-Mai. Il est 14h30 et, progressivement, les dernières voitures sont remplacées par des taches de couleur : des parapluies, des ponchos siglés FO ou CGT, des ballons rouges et blancs. Sur plusieurs camions autour de la place, les haut-parleurs crachent du Johnny Hallyday et, bien sûr, les traditionnels slogans syndicaux.
Les manifestants se regroupent avant le départ du cortège. Lionel, professeur dans l'enseignement supérieur, discute vivement avec ses amis. Quand on lui demande pourquoi il est venu manifester aujourd'hui, il répond : "Pour une seule chose, dire 'Hollande dégage'. La crise, on voit bien qu'elle n'est pas pour tout le monde. On est en colère et notre colère est légitime." Même sentiment pour Sacko : "Il y a un vrai ras-le-bol. Nos salaires stagnent alors que tout augmente. Il est où, notre pouvoir d'achat ?"
Ces griefs se portent contre le gouvernement et contre le président de la République. Et pourtant, beaucoup parmi les 210 000 manifestants revendiqués par la CGT ont voté pour lui en 2012. Anne explique : "Avant, je ne manifestais pas autant, mais aujourd'hui le parti socialiste n'est plus socialiste". Marianne, retraitée, exprime la même défiance : "Je suis là pour dire 'non à la politique d'austérité, non à Hollande', qui a repris exactement la même politique que Sarkozy. Il faut que ça s'arrête."
Des propos qui suivent ceux du secrétaire général de la CGT. Thierry Lepaon a déclaré, avant le départ du cortège ce 1er-Mai, qu'il était difficile de "faire la différence" entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, comme le rapporte RTL.
Une position syndicale divergente de celle défendue par la CFDT. La centrale syndicale a soutenu, contrairement à la CGT, l'accord de flexibilisation de l'emploi et, dernièrement, le pacte de responsabilité. Il n'y avait d'ailleurs pas de défilé syndical unitaire ce 1er-Mai.
L'Unsa et la CFDT ont organisé un autre rassemblement place de la Bataille de Stalingrad, à Paris. Et dans les rangs des militants mobilisés, si on dénonce aussi une baisse du pouvoir d'achat, le ton est beaucoup plus policé. Ici pas de slogans "Hollande dégage". Le rendez-vous est moins populaire et plus technique. Sur scène, des intervenants se succèdent sur le thème de l'Europe. "Notre volonté est d'avoir des syndicats qui évoluent avec leur temps dans un cadre mondialisé et européen, justifie Florence, membre de l'Unsa. Nous sommes des réformistes, et nous voulons faire avancer les conditions des travailleurs grâce à un plan d'investissement européen."
Si, à gauche, ce sont bien deux visions syndicales qui se sont opposées lors de ces défilés du 1er-Mai, il n'empêche que les manifestants se retrouvent sur un point : le souhait d'une autre politique.
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