Cinquante ans après, un soldat vietcong récupère les os de son bras amputé
Le bras a été remis par un médecin américain, qui avait conservé les os depuis l'amputation, en 1966.
Tout un symbole. Un ancien soldat de la guérilla communiste vietcong a récupéré, lundi 1er juillet, les os de son bras amputé. C'est un médecin américain qui les lui a rendus, après les avoir conservés précieusement pendant près de cinquante ans.
Le bras, dont il ne reste que les os attachés ensemble après l'opération chirurgicale en 1966, a été remis à Nguyen Quang Hung chez lui à An Khe, dans la province de Gia Lai, sur les hauts-plateaux du centre du Vietnam.
Le médecin "incroyablement heureux"
"J'étais le gardien de ce bras", a déclaré par téléphone Sam Axelrad, qui s'est dit "incroyablement heureux" d'avoir pu enfin rendre ce macabre souvenir de guerre à son propriétaire légitime. Hung, ancien soldat vietcong –qui combattait donc les soldats des Etats-Unis–, était arrivé moribond dans la base du médecin américain en 1966, après avoir été touché par balle et avoir contracté la gangrène.
"Quand j'ai amputé son bras, nos médecins l'ont pris, ont enlevé la chair, et l'ont réassemblé parfaitement avec des fils, et ils me l'ont donné, a expliqué le médecin. Quand j'ai quitté le pays six mois plus tard, je n'ai pas voulu jeter le bras, je l'ai mis dans ma malle et je l'ai emporté chez moi. Et toutes ces années, il est resté dans ma maison."
Une remise "tout à fait unique"
Plusieurs décennies plus tard, Sam Axelrad est retourné au Vietnam, a découvert que Hung était toujours vivant et a finalement pu lui rendre son bien après quelques obstacles logistiques et des mois de discussions avec le consulat vietnamien aux Etats-Unis et les autorités américaines des transports. "Il s'est avéré que vous ne pouvez prendre des os dans votre valise", a noté le médecin, qui a donc tout simplement mis le bras dans ses bagages, en soute.
Hung, 74 ans, père de sept enfants, s'est réjoui de ces retrouvailles un peu particulière. "Ces os sont la preuve de ma contribution à la guerre. Je vais les garder dans ma maison, dans une vitrine", a-t-il déclaré. Il espère que ces reliques l'aideront à être reconnu comme invalide de guerre, un statut et une pension qui lui ont été refusés après la perte de ses dossiers militaires.
La remise de ce bras est "tout à fait unique dans l'histoire de l'échange des restes humains de la guerre du Vietnam", a commenté de son côté Ron Ward, de la JPAC, unité américaine chargée des soldats disparus au combat au Vietnam.
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