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Dakar 2023 : "Tout pourrait se jouer lors de la dernière étape", considère Luc Alphand

La 45e édition du mythique rallye-raid s'élancera, samedi, en Arabie saoudite.
Article rédigé par franceinfo: sport - Etienne Leray
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Luc Alphand en interview lors de la huitième étape du Dakar, le 10 janvier 2022 en Arabie saoudite. (GIGI SOLDANO / AFP)

Le Dakar reprend ses droits. Alors que la 45e édition du rallye-raid débutera, samedi 31 décembre 2022 au bord de la mer Rouge, pour s’achever deux semaines plus tard à Dammam, en Arabie saoudite, Luc Alphand, vainqueur en 2006, a livré ses impressions à franceinfo: sport, sur ce cru 2023.

franceinfo: sport : Quel est votre sentiment sur le parcours de ce Dakar 2023, une nouvelle fois en Arabie saoudite ? 

Luc Alphand : On arrive en terrain connu car il s'agit déjà de la quatrième édition dans ce pays. On retrouve un peu les sources et l’environnement général du Dakar et ses grands déserts. Même si l’Amérique du Sud offrait une incroyable diversité de paysages, les “spéciales” étaient souvent des pistes. En Arabie saoudite, il y a beaucoup de hors-piste et de dunes, ce qui rappelle l’Afrique. Il y a deux étapes de plus cette année et je pense que les organisateurs ont voulu corser la course, en essayant de chercher du sable. Les trois premières étapes vont offrir des paysages magnifiques avec du sable, des canyons, jusqu’à Alula, qui ressemble à Petra en Jordanie. Ensuite, la partie autour de Riyad sera plus caillouteuse, pour faire la transition sur la fin de la course. Les étapes font en moyenne 400 kilomètres, et les plus courtes s’annoncent difficiles dans le sable. C’est toujours compliqué de mettre le curseur de difficulté à un bon niveau, parce que derrière les pilotes réguliers, il y a une caravane importante sur le Dakar.

Quelles étapes ont le plus retenu votre attention ? 

Les premières autour du Sea Camp puis dans les canyons sont là pour en mettre plein les yeux. Je me méfie surtout de l’étape marathon dans l'Empty Quarter. Si la température monte, le sable deviendra plus mou et ça pourrait tout de suite virer vers quelque chose de très difficile. Globalement, même si on était en Arabie saoudite sur les dernières éditions, il n’y avait pas de vraies belles étapes de sable, c’est-à-dire 100 kilomètres de cordons à franchir. Cette année, ils sont vraiment allés à la frontière avec les Émirats. Vu que c’est en deuxième semaine, ça promet un beau Dakar, qui pourrait se jouer jusqu’à la dernière étape. 

Quelles sont les nouveautés de l'édition 2023 ? 

La généralisation des roadbook numériques, après leur mise en place progressive il y a deux ans. Maintenant, les roadbook sont disponibles seulement 20 minutes avant le départ, alors qu’avant les gens l’avaient la veille et pouvaient préparer l’étape si leur connexion internet leur permettait. Cela faisait une grande différence entre les concurrents. Aujourd’hui, le roadbook numérique redistribue les cartes car il faut avoir un bon navigateur, avec un peu de nez et de l’instinct. L’autre grande nouveauté, ce sont les tracés d'étapes en "miroir", avec des portions différentes, mais égales en difficulté et en temps. C’est génial parce qu’il y a beaucoup de gens qui suivent la trace sur un rallye sans faire attention au roadbook. 

Où en est le Dakar dans ses initiatives écologiques ?

BRX et Sébastien Loeb roulent avec du biocarburant depuis l’année dernière. C’est une bonne alternative intermédiaire avant la voiture 100% propre. Du côté d'Audi, le projet environnemental n’est encore qu'hybride, avec un moteur thermique qui fait fonctionner les moteurs électriques. Pour l’hydrogène, ce sont encore les balbutiements, on n'en est pas encore à faire des étapes de 400 kilomètres. Outre l'autonomie, il faut aussi pour l’organisateur et la Fédération internationale de l'automobile (FIA), faire la balance des performances entre une voiture électrique, thermique et prochainement hydrogène.

Quels sont les grands favoris du Dakar 2023 ?

Audi a une superbe carte à jouer, c’est l’épouvantail de ce Dakar. Sans être sûrs d’être prêts et fiables l’année dernière, ils ont amené leurs trois voitures au bout. Avec Carlos Sainz et Stéphane Peterhansel, ils ont deux gars intelligents qui ont déjà gagné et qui connaissent la course. Après, il y a toujours Nasser Al-Attiyah chez Toyota. C’est quelqu’un qui roule très vite, mais tout dépend de la performance de la voiture. Ensuite, il y a BRX et Sébastien Loeb qui continuent de travailler sur leur prototype. L’histoire serait belle en cas de victoire pour Sébastien Loeb, car il n’a jamais vraiment eu de chance sur le Dakar. 

En motos, la course est géniale, avec au moins six pilotes favoris. Le passage de Yamaha à Honda pour Adrien van Beveren pourrait lui permettre de gagner. Après, il ne faut pas oublier Ricky Brabec (Honda) et Sam Sunderland (GasGas), qui roulent vraiment très vite. Ce groupe est complété par KTM avec Kevin Benavides et Toby Price. Il y a certaines usines moins favorites comme Hero ou Sherco qui peuvent aussi tirer leur épingle du jeu. Dire qui va gagner, c’est super dur vu tout ce qu’il se passe chaque jour. Cette année, je mettrai bien une pièce sur Adrien van Beveren. Peut-être que c’est l’heure pour lui de gagner le Dakar, même s'il reste tout à faire.

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