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TNT : pourquoi la vente de la chaîne Numéro 23 fait polémique

Le groupe NextRadioTV, propriétaire de BFMTV, souhaite acheter cette chaîne, qui a bénéficié, en 2012, d'une licence TNT gratuite.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le président de la chaîne Numéro 23, Pascal Houzelot, le 12 octobre 2012, sur le plateau de LCI, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine). (IBO/SIPA)

La 23e chaîne de la TNT s'apprête à changer de propriétaire. Le groupe de médias NextradioTV a annoncé, jeudi 2 avril, être sur le point de racheter, pour près de 90 millions d'euros, la chaîne de télévision Numéro 23, ajoutant ainsi une troisième chaîne de la TNT gratuite à son portefeuille, aux côtés de BFMTV et RMC Découverte.

Numéro 23, qui compte cinq salariés et perd 10 millions d'euros par an pour un chiffre d’affaires de 15 millions d’euros, assure que cette opération doit lui permettre de se développer. Un argument jugé peu convaincant par de nombreux détracteurs, qui y voient surtout un jackpot au parfum de scandale. Francetv info vous explique pourquoi.

Parce que la licence a été accordée gratuitement

Numéro 23 fait partie des six chaînes lancées sur la TNT à la fin 2012. Présentée comme une "chaîne généraliste qui met en avant la diversité de manière positive", elle représente aujourd'hui 0,7% d'audience et 27 millions de téléspectateurs par mois. Sa fréquence HD lui a été attribuée gratuitement, en mars 2012, par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA).

En vendant de Numéro 23 pour 90 millions d'euros, l'opération offrirait donc une plus-value à son fondateur (et propriétaire à 70%) Pascal Houzelot, mais aussi à ses associés François Pinault, Bernard Arnault, Mathieu Pigasse, Xavier Niel, Jean-Charles Naouri et Jacques-Antoine Granjon, souligne Le Parisien.

Parce que les sommes en jeu sont importantes

Le groupe NextRadioTV est entré en négociations exclusives avec Pascal Houzelot, qui céderait l'intégralité de ses parts pour 48,3 millions d'euros en cash et 40 millions en obligations convertibles en actions. Un total de près de 90 millions d'euros, qui rappelle les 192 millions d'euros déboursés par TF1 pour racheter TMC et NT1, en 2009.

Entre-temps, une loi a été votée, en 2013, pour imposer un délai de deux ans et demi avant de pouvoir revendre une fréquence, ainsi qu'une taxe de 5% sur la plus-value. Des parlementaires réclament aujourd'hui une extension du délai à cinq ans et un quadruplement de la taxe, rapporte, lundi, Satellifax, cité par le site Ozap

Parce qu'il y a des soupçons de manipulation

"Nous avons été utilisés", déplore, dans Le Parisien, l'humoriste Yassine Belattar, qui figurait dans le projet initial de Numéro 23, en 2012, et estime avoir servi d'alibi ethnique. "L'unique objectif des porteurs de ce projet était de planifier une belle opération financière, accuse, dans le quotidien, l'ancien membre du CSA, Rachid Arhab, qui avait voté contre le projet. La diversité n'a été qu'un prétexte pour obtenir la fréquence."

Mercredi, à l'Assemblée nationale, le député PS Marcel Rogemont, rapporteur de la loi votée en 2013, s'est lui indigné des "largesses éditoriales" de la chaîne, qui diffuse notamment des concours de tatouage et des émissions sur les phénomènes paranormaux, rapporte Le Monde.

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