Hauts-fourneaux, Miss France et Arlette Laguiller... Geneviève de Fontenay, une vie sur les chapeaux de roues
A 83 ans, la dame au chapeau a annoncé, jeudi, qu'elle tirera sa révérence après l'élection de Miss Prestige national, le 16 janvier en Alsace.
Un dernier tour de piste. Geneviève de Fontenay a annoncé, vendredi 15 janvier, dans France dimanche, qu'elle tournait "la page des Miss". A l'occasion de la dernière édition de Miss Prestige national de samedi, elle mettra un terme à près de soixante ans de carrière qui lui auront permis de se faire un nom un peu partout en France. Sauf que Geneviève de Fontenay ne s'appelle pas Geneviève de Fontenay. Ce pseudonyme, elle le doit à l'homme de sa vie, Louis Poirot, qu'elle rencontre en 1952. Celui qui préside alors le comité Miss France aime se faire appeler du nom qu'il aurait utilisé dans la résistance. Elle n'est alors qu'une jeune esthéticienne de 20 ans, née à Longwy (Meurthe-et-Moselle) d'un père ingénieur des mines. "Je voulais sortir de la grisaille, des hauts-fourneaux, la poussière et tout", expliquera plus tard, l'ainée d'une fratrie de dix enfants.
Louis Poirot sera sa chance. Comme le raconte le livre La Vie secrète de Geneviève, il lui donne le titre de Miss Elégance et fait du mannequin l'égérie de ses galas. "Perchée sur de hauts talons, les épaules nues, le cou paré de bijoux et la taille serrée, Geneviève déambule, prend la pose devant les clients, pendant que son compagnon, au micro, présente les créations", écrit la journaliste Amel Brahmi.
Un chapeau pour une tête "trop petite"
Grâce à lui, Geneviève se trouve un métier et un style. C'est Louis qui lui recommande de ne jamais quitter son chapeau. Il juge que "sa tête est trop petite pour son corps". Le panama, qu'elle porte blanc à ruban noir, ou noir à ruban blanc, permet de rééquilibrer son allure. Un conseil qu'elle n'oubliera pas, au point de donner son nom au modèle qu'elle affectionne. En 1981, son compagnon, dont elle a eu deux fils, meurt. Geneviève de Fontenay reprend logiquement les rênes du comité Miss France, avec son fils Xavier.
Avec elle, le concours change de dimension. Fini les comices agricoles, place à la télévision. Le 31 décembre 1986, Miss France passe sur TF1. "Guy Lux n'avait que l'abbé Pierre dans son émission et s'attendait à un bide, raconte la dame au chapeau à Libération. Il a fait les Miss au dernier moment, ça a marché".
"Même les arbres me connaissent"
Les Miss ne quitteront plus le petit écran. Avec ses tailleurs et ses chapeaux, Geneviève de Fontenay devient une célébrité. "Même les arbres me connaissent, c'est interminable dans le fond", fanfaronne-t-elle en 1999 dans Libération. Omniprésente, elle accompagne ses Miss partout, des parkings de supermarché aux plateaux télé, en passant par les salles des fêtes.
Femme de gauche, elle profite de sa célébrité pour défendre ses opinions. En 2002, elle soutient Arlette Laguiller et lui fait un don de 763 euros. "C'était un coup de cœur. (...) Elle a été courageuse, et travailleuse", explique-t-elle au Plus en 2012. Elle appellera ensuite à voter Ségolène Royal, puis François Hollande, qu'elle finira pas comparer à "une limace".
L'année 2002 marque pourtant le début de la fin pour Geneviève de Fontenay. Cette année-là, elle vend les activités télévisuelles et commerciales de la société Miss France à Endemol. Une série de scandales vont l'opposer au groupe de production de télévision néerlandais.
Une "tête de cochonne"
Valérie Bègue, Miss France 2008, déclenche les hostilités. Quelques jours après l'élection, Entrevue publie des photos de la nouvelle Miss peu vêtue. Une infraction au règlement du concours, qui stipule que la candidate ne doit "jamais avoir posé ou s'être exhibée dans des tenues ou poses équivoques, partiellement ou totalement dénudées". La dame au chapeau s'emporte et demande l'éviction de cette "tête de cochonne".
La Réunionnaise tient bon. Elle conserve son titre, mais se voit interdire de représenter la France dans les concours internationaux et certains galas régionaux. "A l'autre vieille, tu lui as fait ravaler son chapeau hohoho...", chante alors Keen V, grand fan de "Mademoiselle Valérie".
"Ils ont tout bousillé"
Deux ans plus tard, Geneviève de Fontenay claque la porte : Endemol vient d'inviter une ex-Miss Paris, déchue pour des photos osées, à participer à l'une de ses émissions, "La Ferme des célébrités". "Endemol devait respecter l'image et les valeurs de l'élection Miss France. Ils ont tout bousillé avec tous les scandales qui ont lieu depuis plusieurs années", explique "GDF" à l'AFP.
Dans la foulée, elle annonce un nouveau concours, Miss Nationale. Pendant trois ans, la guerre des Miss se joue devant les tribunaux. En 2013, comme le raconte Paris Match, Endemol et Geneviève de Fontenay signent l'armistice. La dame au chapeau peut continuer d'organiser son concours, rebaptisé Miss Prestige national.
"Cette belle nation qu'est l'Algérie française"
Elle n'arrivera jamais à concurrencer Miss France. Les bourdes de Geneviève de Fontenay - comme lorsqu'elle évoque l'Algérie française à l'occasion du concours de Miss Algérie - sont plus remarquées que son concours.
Dans un entretien à France dimanche publié le 15 janvier, elle "tourne la page des Miss". "Je ne me sens plus trop en accord avec ce qui me semble marcher aujourd'hui", confie l'octogénaire. Elle confie être en décalage avec "notamment toutes ces filles que l'on voit tout le temps à poil : Zahia, Nabilla, ou encore la fille de Dominique de Villepin, les seins à l'air en une des magazines".
A 83 ans, elle veut désormais se consacrer à "des séances de dédicaces" et à la promotion de Prestige douche, une marque de sanitaires dont elle est "l'égérie". Samedi 16 janvier, Geneviève de Fontenay sera à Soultzmatt (Haut-Rhin) pour l'élection de Miss Prestige national. Elle remettra l'écharpe à l'heureuse élue, pour la dernière fois de sa carrière.
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