Médias : les salariés d'Europe 1 manifestent contre l'entrée de Vivendi au conseil d'administration de Lagardère
L'assemblée générale a acté la nouvelle organisation du groupe, avec l'arrivée de Vivendi, l'entreprise de Vincent Bolloré, au conseil d'administration. Dans le même temps, une manifestation se déroulait devant le siège d'Europe 1, dont les journalistes craignent l'arrivée de l'homme d'affaires.
C'est fait. Malgré le mouvement d'opposition des salariés d'Europe 1 contre l'arrivée de Vincent Bolloré, l'assemblée générale des actionnaires de Lagardère, maison mère de Hachette, Paris Match et Europe 1, a acté mercredi 30 juin la transformation du groupe en société anonyme, mettant fin au pouvoir absolu du gérant commandité Arnaud Lagardère, qui devient PDG. Toutes les nominations au conseil d'administration ont été approuvées à une très large majorité, notamment celle du représentant de Vivendi (le président du directoire Arnaud de Puyfontaine) et des deux autres membres proposés par le géant français des médias, premier actionnaire de Lagardère et contrôlé par Vincent Bolloré.
Le magnat breton est "un atout et pas une menace", a déclaré Arnaud Lagardère, qui a introduit "sans nostalgie" l'assemblée générale visant à "tourner une page" du groupe hérité de son père, après avoir longtemps ferraillé avec le fonds britannique Amber Capital, puis louvoyé pendant un an entre Vincent Bolloré et le patron de LVMH Bernard Arnault, également devenu actionnaire en 2020. "J'aurais tendance à dire de manière optimiste et positive que les choses ne changeront pas, car l'équipe dirigeante est toujours là", a assuré Arnaud Lagardère, qui récupère quelque 7% des parts de son entreprise en compensation de la perte de son statut.
Un rassemblement devant le siège d'Europe 1
Désormais sous le contrôle d'un conseil d'administration au sein duquel il ne peut désigner que trois membres sur 11 (dont deux représentants des salariés), le dirigeant a assuré avoir "engagé un certain nombre d'efforts structurels à tous les niveaux" pour affronter la crise du Covid-19, que ce soit parmi les activités d'édition, de distribution dans les gares et aéroports (notamment les boutiques Relay), les médias, ou les coûts centraux du groupe. Mais "en termes de stratégie globale, on n'en a pas changé. L'idée est de garder l'intégrité de ce groupe", a-t-il assuré, notamment en conservant les activités médias (Europe 1, Paris Match, JDD).
Arnaud Lagardère a enfin défendu la stratégie d'Europe 1 visant à s'allier avec CNews, la chaîne info du groupe Canal+ appartenant à Vivendi, qui avait entraîné une grève au sein de la radio. "Je ne vois pas pourquoi, pour faire plaisir à certains détracteurs, nous devrions continuer à nous isoler. On a besoin de faire des partenariats sur l'information, sur le sport, sur la musique, sur le cinéma, et qui mieux que le groupe Canal+ peut nous offrir ce genre de partenariats ?" a-t-il lancé pendant l'AG, assurant qu'Europe 1 et Canal+ faisaient partie de la même "famille".
Il n'est pas certain que ces propos suffisent à rassurer les salariés d'Europe 1, qui avaient appelé mercredi matin à un rassemblement devant le siège de la radio. "Ce n’est pas une question de droite ou de gauche. Toutes les opinions sont respectables. Ce qui se joue ici est différent. C’est la volonté d’utiliser un média pour la fracture, pour dresser une France contre une autre", y a notamment déclaré Patrick Cohen, une figure de l'antenne, à propos de la nouvelle ligne éditoriale dessinée par ce rapprochement CNews-Europe 1.
Beaucoup de monde au rassemblement devant #Europe1 pour soutenir le combat des journalistes de la maison. Des anciens, des confréries, des auditeurs, des amis… Merci à tous, quelle belle mobilisation pic.twitter.com/6LCRozr7ZN
— Clément Lesaffre (@ClementLesaffre) June 30, 2021
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