Droits TV de la Ligue 1: "Je ne crois pas à la rentabilisation de ce montant", juge le président du directoire de Canal+
Maxime Saada, invité de franceinfo mercredi, s'est déclaré "serein", en dépit de la perte des droits télé de Ligue 1 de football entre 2020 et 2024 pour le groupe Canal+.
Maxime Saada, président du directoire de Canal+ a réagi mercredi 30 mai à l'attribution, la veille, des droits de retransmission du championnat de Ligue 1 entre 2020 et 2024, pour un montant inédit de 1,154 milliard d'euros par an. Le poids lourd espagnol Mediapro remporte les enchères pour les principaux lots, tandis que Canal+ perd ses droits, détenus depuis 1984. Pour Maxime Saada, "la perte de le Ligue 1 est pour l'instant virtuelle", car il "ne croit pas à la rentabilisation d'un tel montant".
franceinfo : Que vous inspire le résultat des enchères des droits de diffusion de la Ligue 1 de football ?
Je suis serein, car nous n'avons pas payé une somme que nous considérions déraisonnable et qui nous semble impossible à rentabiliser, en tout cas sur le marché français. Nous avons été autorisés, par notre actionnaire Vivendi, à dépenser un montant considérable et nous avons investi de manière significative pour des droits qui ont une valeur importante pour nous. Je rappelle qu'aujourd'hui, nous dépensons 550 millions d'euros par an pour ces droits. Il nous est impossible de rentabiliser le prix auquel ces droits sont partis hier, c'est-à-dire 1,154 milliard d'euros. Nous verrons si Mediapro, qui est avant tout une agence intermédiaire de vente de droits, lancera une chaîne demain, comme requis pour participer à l'appel d'offres. Une possibilité de sous-licence a été ouverte par la Ligue et nous avons deux ans. Il est important de rappeler que le 10 août prochain, la Ligue 1 reprend sur Canal+, reprend ses droits sur trois matches, et nous sommes le premier distributeur en France de BeIN Sports, qui diffusera les sept autres matches. Il y a une certitude, c'est que pour les deux prochaines saisons, la Ligue 1 est sur Canal +.
La Ligue de football professionnel (LFP) a remercié Canal+ pour "son travail remarquable au service du football", donnant l'impression que le groupe et le football, c'est terminé. Qu'en pensez-vous ?
Moi, c'est plutôt à la place des présidents de clubs que je me poserais la question aujourd'hui. D'abord vous avez un acteur, Mediapro, qui a remporté les droits de la Ligue A en Italie pour un montant similaire, et qui s'est vu débouté par un juge. La procédure a été suspendue car la garantie financière apportée par cet acteur était insuffisante. Je m'interroge sur la surface financière, la rentabilité suite à cette offre et enfin il y a un sujet d'exposition. Le football anglais, qui a disparu des antennes de Canal+, a disparu tout court. Je me pose la question de la mesure dans laquelle un acteur qui n'a jamais fait ça, qui n'a pas de chaîne, un acteur chinois, assez lointain est susceptible d'amener la visibilité nécessaire au football français. C'est une vraie question que je pose aujourd'hui.
Quelle est votre réponse face à l'incompréhension de Didier Quillot sur les décisions de Canal+ durant l'appel d'offres?
Je ne partage évidemment pas cette analyse, encore une fois, pour l'instant ils n'ont pas touché à l'argent. Je le répète, 1,145 milliard cela représente 7 millions d'abonnés, à quinze euros par mois. Aujourd'hui, BeIn Sport, qui est arrivé en 2012 avec beaucoup plus de droits, avec la Ligue 1, l'Euro et la Coupe du monde, avec 15 euros par mois n'a réussi en six ans qu'à mobiliser trois millions d'abonnés. Je ne crois pas à la rentabilisation de ce montant, c'est impossible. Nous avons misé des montants très significatifs mais pas au point de couler Canal+. Cette chaîne est arrivée il y a 30 ans et je souhaite qu'elle soit là dans 30 ans.
La perte des droits de la Ligue 1 ne va-t-elle pas entraîner une spirale sans fin de perte d'abonnés pour Canal+ ?
Nous avons la Ligue 1 pour encore deux ans, la perte de le Ligue 1 est pour l'instant virtuelle. De plus, depuis septembre 2017, nous sommes à nouveau en croissance. La baisse a été enrayée en changeant de nombreuses choses, les offres sans engagement, le Canal+ accessible à partir de quinze euros via notamment notre partenaire Orange. Canal+, c'est beaucoup plus que la Ligue 1, c'est le Top14 [de rugby], la boxe, le golf, 400 films récents par an, des créations originales. En regardant ce schéma, payer un montant déraisonnable et couler la boîte n'est pas concevable. Nous avons vu TPS en mourir ou encore Orange s'en sortir après des mois et des centaines de millions d'euros. Nous avons le temps d'ici 2020, de voir toutes les options, sous-licence, distribution, recours juridique...
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