Canal+ : quand Vincent Bolloré joue au chat et à la souris avec les sénateurs
Depuis octobre 2015, la commission culture du Sénat souhaite auditionner le nouveau patron de Canal concernant la reprise en main du groupe.
La date est encore confidentielle, mais elle devrait être rendue publique par le Parlement dans les tout prochains jours. D’après les informations de "Complément d'enquête", Vincent Bolloré va être formellement invité à venir s'expliquer devant la commission Culture du Sénat, mercredi 22 juin, à 9h30. Une audition publique, devant les caméras de Public-Sénat.
Le chef d'entreprise breton se rendra-t-il à cette convocation ? Rien n'est moins sûr. Cela fait bientôt un an que les sénateurs déploient leur énergie pour tenter d'auditionner Bolloré sur sa reprise en main musclée du groupe Canal. Mais le premier actionnaire de Vivendi (propriétaire de Canal+) semble peu pressé de rendre des comptes. A trois reprises déjà, il a réussi à échapper in extremis à une audition.
Depuis le début, Vincent Bolloré exige que ça se fasse à huis-clos, contrairement à nos habitudes. Nous avons refusé. Depuis, il fait obstruction.
Déjà trois rendez-vous manqués
Le 8 octobre 2015, après un été sous tension chez Canal+ (licenciements en rafale, censure d’un documentaire, suspension des Guignols de l'Info…), le Sénat convoque l'actionnaire breton. Au dernier moment, Vincent Bolloré annule, prétextant vouloir réserver ses annonces à ses salariés lors d'un grand raout à l'Olympia qui a lieu le 12 novembre.
Repoussée une première fois au 19 novembre, l'audition est alors de nouveau annulée, au motif que le groupe Bolloré est endeuillé par les attentats de Paris. Finalement, une troisième date est fixée au 21 janvier 2016. Manque de chance : à quelques jours du rendez-vous, tout tombe à l’eau. Ce jour-là, ont lieu les vœux du CSA. Et Vincent Bolloré veut s'y rendre à tout prix.
Depuis, les négociations sont âpres entre le Sénat et la direction de Canal+, qui exigerait de nouveau que l'audition se fasse à huis-clos. Un sénateur de la commission Culture, passablement agacé, raconte : "On ne sait pas bien s'il cherche à se dérober ou si tout simplement, il vit sur une autre planète. Certes, être auditionné n'est sans doute pas un exercice qui l'enchante. Mais je ne suis même pas sûr qu'il ait la trouille. Bolloré, c'est juste un gars qui fait ce qu'il veut. On a vraiment l’impression qu'il s'en fout de nous."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.