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"White dog", la haine selon Romain Gary au festival Marionnetissimo

La 21e édition du festival Marionnettissimo se poursuit jusqu’au 25 novembre à Tournefeuille en Haute-Garonne. Parmi les spectacles à l’affiche, "White dog" de la compagnie Les Anges au plafond. Adaptée d’un roman de Romain Gary, cette histoire qui part d’un fait réel nous plonge dans l’Amérique des années 60 au cœur des conflits autour de la défense des droits civiques.
Article rédigé par Chrystel Chabert
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
Une adaptation originale du roman de Romain Gary.
 (Vincent Muteau)

Pour comprendre "White dog", il faut remonter aux sources de l'histoire. Le 17 février 1968, Romain Gary et son épouse, la comédienne Jean Seberg, voient débarquer chez eux à Beverly Hills un berger allemand  affectueux et intelligent que le couple décide de garder et de prénommer Batka ("petit père" en russe). Mais un jour, alors qu’un technicien de la société d’entretien de la piscine vient inspecter le jardin, Batka devient extrêmement agressif, transformé par un "paroxysme de haine" effrayant. La scène se reproduit le lendemain avec un employé de la Western Union. Le point commun des deux hommes : ils sont Noirs.

  (Folio)

Désapprendre la haine

Romain Gary comprend alors que Batka est un "White dog", un "Chien blanc", du nom des chiens policiers dressés pour attaquer les Noirs dans le sud des Etats-Unis. Malgré tout, Gary veut garder Batka et décide de désapprendre la haine à l’animal, de le déconditionner avec l’aide d’un dresseur de chenil. En 1969, Gary décide d’écrire un roman (en anglais) pour raconter ce long processus ; son livre sera un immense succès aux Etats-Unis. 

Bêtise humaine et férocité animale

C’est suite aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris que les créateurs de la compagnie Les Anges au plafond, Camille Trouvé et Brice Berthoud, ont pensé à adapter le roman de Gary. Pour s’interroger sur la violence dans notre société, sur ses racines et sur la manipulation qui pousse l’humain à devenir aussi féroce qu’un animal.

Reportage : France 3 Midi-Pyrénées - C. Sardain / J. Pigneux / M. Delaunay / P. Level / J. Eon

Le papier pour évoquer la fragilité

Sur scène, sur un plateau tournant, un marionnettiste blanc (Brice Bertoud) et un marionnettiste noir (Tadié Tuéné) se partagent tous les rôles, et font vivre l’histoire à partir du papier (matière de prédilection de la troupe) décliné sous de multiples formes - pop-up, papier froissé, masques en carton – auxquels viennent s’ajouter écriture en direct, photos d’archives retravaillées et projetées.

Tadié Tuéné et la marionnette de Keys.
 (Morgane Jéhanin)

La musique est également très présente, jouée en direct avec un batteur qui accompagne tout le spectacle, balayant les époques, du jazz des années 60 jusqu’au groove hip-hop contemporain. Tout un dispositif qui fait vivre intensément cette adaptation : "Ca nous paraissait important que ce soit du pop up, des papiers en scénographie, en marionnettes, que tout cela symbolise cet univers un peu fragile" explique Brice Berthoud.

White dog est en tournée dans toute la France jusqu’en juin 2019. Les dates sont à retrouver ici.

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