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Servet contre Calvin, les Protestants se mettent en scène à Strasbourg
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La Fédération protestante de France organise pour la première fois de son histoire un grand rassemblement oecuménique qui doit réunir à Strasbourg les 30 octobre et 1er novembre 2009 quelques 10 000 fidèles protestants. Parmi les animations proposées, les spectateurs pourront assister à une représentation de la pièce de Michel Mathe "Le calice de Calvin, controverse à Genève" au Temple protestant du Bouclier de Strasbourg.
Michel Servet est un médecin et théologien d'origine espagnole, né en 1511 en Aragon, et brûlé vif pour hérésie le 27 octobre 1553 sur ordre du Grand Conseil de Genève. Il fût l'un des savants les plus importants de son époque, et fît notamment la découverte du rôle des poumons dans l'oxygénation du sang. Mais ce sont ces études théologiques qui vont lui valoir de nombreux déboires. Sa maîtrise exceptionnelle des langues classiques, latin, grec et hébreu, va lui permettre de lire les textes bibliques dans leurs manuscrits les plus anciens. C'est sous le pseudonyme de Michel De Villeneuve qu'il publia plusieurs ouvrages sur la religion, dans lesquels il mettait à mal le dogme de la Trinité cher aux chrétiens. Servet affirmait que la Trinité n'était pas fondée sur les textes bibliques mais qu'elle était une survivance des écrits philosophiques grecs. La disparition de ce dogme aurait, selon lui, permis de rapprocher les trois grandes religions monothéistes. Cette entorse au principe du Dieu unique éloignant, d'après Servet, les chrétiens, des juifs et des musulmans. Passionnés des Evangiles, il prône le retour aux textes originaux dans lesquels il ne lit aucune justification de ce dogme trinitaire, selon Servet : Jésus n'est pas Dieu, mais un homme auquel Dieu s'est associé temporairement. Mais il va plus loin et écrit que la Trinité est "un chien des enfers à trois têtes, signe de l'Antéchrist". Pour Jean Calvin, Servet va trop loin en ajoutant à l'hérésie, le blasphème. Une statue de marbre qui le représente enchaîné au bûcher, a été érigée en 1908 dans un square du 14ème arrondissement de Paris, elle est régulièrement fleurie par les "Chrétiens unitaristes" et les "Libres penseurs". La ville de Strasbourg, qui tient une place particulière dans l'histoire de la Réforme et du protestantisme, s'apprête a accueillir quelques 10 à 15 000 fidèles protestants, un évènement qui doit sceller le rapprochement entre les églises luthériennes réformées et les nouvelles églises évangéliques. Car près d'un demi-millénaire après les divergences qui furent fatales à Servet, les querelles théologiques entre les différentes chapelles du Protestantisme n'ont rien à envier à celles qui minent les fondements de l'Eglise catholique romaine.
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