"SAMO, a Tribute to Basquiat" : plongée dans l'imaginaire du peintre new-yorkais
C’est du théâtre mais aussi un concert de jazz. Reconnaissons au dramaturge Koffi Kwahulé qui signe le texte d’être grand amateur de Thelonious Monk, et la clarinette de Nicolas Baudino fait des merveilles. C’est aussi de la danse… ce qui flatte les émotions du corps.
Quant à la vidéo, trop souvent un simple gadget sur d’autres scènes, elle est ici frontale et vivante comme le sont les réminiscences d’un paysage urbain, Brooklyn vu de la chambre du jeune Basquiat… un quartier flouté par les gouttes dégoulinant à l’envers. Bravo au vidéaste Benoît Lahoz …
Quant à Basquiat, il ne repose pas que sur les épaules et le corps sculpté de Yohann Pisiou, impeccable en boxeur, rhéteur, malaxeur d’identités d’artistes. Il se démultiplie en trois avec aussi le danseur Willy Pierre-Joseph et le musicien Blade Mc Alimbaye qui pratique la beat box comme un art de la percussion par la bouche.
Ouvrir la voie au jeune public
Cette polyphonie d’expressions est redoublée par l’usage de deux micros en fond de salle, encadrant les images frontales qui montrent outre des gouttes d’eau remontant la vitre, remontant le temps à courir après la jeunesse perdue… Un éléphant marchant au ralenti ou des visages de jeunes filmés à Caen où la troupe était en résidence. Une manière pour la metteure en scène, Laëtitia Guédon, d’ouvrir la voie à un public jeune qui n’est pas censé fréquenter intensément les théâtres. Une voie déjà ouverte par Basquiat et qui trouve sur scène un prolongement réussi. Au sortir du spectacle, les réactions du public en témoignent comme on le découvrira dans le reportage.Reportage : Christian Tortel, Mourad Bouretima, Rael Moine. Montage : Jérémie Vellela. Mixage : Sylvie Lemaire.
Hommage au rebelle Basquiat
De multiples aspects de la mise en scène de Laëtitia Guédon enchantent le spectateur comme le critique. Les uns retrouvent l’atmosphère underground d’un New-York des années 80, les autres entrent dans la tête de SAMO, le jeune Basquiat… "Il ne s’agissait pas de faire un biopic explique la nouvelle directrice des Plateaux sauvages, scène du XXe arrondissement de Paris, ni un spectacle transdiplinaire, plutôt de proposer une scène "indisciplinée", un hommage à un artiste (d’où le titre « Samo, a tribute to Basquiat ») par des artistes d’aujourd’hui à l’image du rebelle qu’était Basquiat. "
La typographie aux lettres blanches sur fond noir utilise quelquefois l’écran de fond de salle pour signer la scène et marquer ainsi l’un des enjeux de cette performance théâtrale : l’identité de l’artiste en mouvement. Les énumérations dans le texte de Kwahullé soutiennent ces interrogations. La scénographie d’Emmanuel Mazé les décuple.Un dispositif sophistiqué et maîtrisé
Pour adapter Basquiat au théâtre, Laëtitia Guesdon a ainsi eu l’idée d’associer vidéo et musique, et de réunir trois comédiens. Un dispositif sophistiqué mais parfaitement maîtrisé. Une réussite qui fait entrer les spectateurs dans l’imaginaire du peintre new-Yorkais d’ascendance porto-ricaine et haïtienne. La pièce intitulée "Samo, a tribute to Basquiat" est un hommage sensible à cette figure de l’Underground américain.
Basquiat en deux mots
Nom : Basquiat Jean-Michel
Meilleure vente : 57 millions de dollars à New-York où il est né, New-York où il est mort à 27 ans, en 1988.
Il laisse plus de 800 tableaux et 1 500 dessins.
Figure de la jeunesse éternelle, tendance underground. Ami d’Andy Warhol.
Ascendance : Porto-Rico et Haïti
Signe particulier : entre 17 et 20 ans signe ses graffittis sur les murs de New-York SAMO, « Same old shit » (« toujours la même vieille merde »).
Ce spectacle lui est consacré.
Prochaines représentations par la Compagnie 0,10 en 2018.
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