"Magic Mike" : Soderbergh laborieux
Synopsis : Mike a trente ans et multiplie les petits boulots : maçon, fabricant de meubles... Il se rêve entrepreneur. Il est surtout strip-teaseur. Chaque soir, sur scène, dans un club de Floride, il devient Magic Mike. Lorsqu’il croise Adam, il se retrouve en lui, l’intègre au club et décide d’en faire le Kid. Mais le Kid a une sœur, qui n’est pas prête à trouver Mike irrésistible…
Chippendales post-Lheman brothers
Deux films de Steven Soderbergh en à peine un mois. Le précédent était « Piégée » (sorti le 11 juillet), un thriller où Gina Carano joue les agent-secrets musclées, en en mettant plein la vue à Antonio Banderas et Michael Fassbender. Dans « Magic Mike », des chippendales prennent des poses lascives en s’effeuillant devant des dames. Par deux fois, Soderbergh inverse les conventions, comme pour élimer les différences entre masculin et féminin, avec, comme à son habitude, un changement de registre radical, mais aussi un talent inégal.
Inspiré par l’expérience de strip-teaseur que lui a raconté son acteur Channing Tatum avant de passer au cinéma, Soderbergh construit une comédie dramatique bien ancrée dans la crise post Lheman brothers aux Etats-Unis. Le sujet et ce contexte ne sont pas sans rappeler le « Full Monty » (1987) où une bande de potes au chômage tiraient leur épingle du jeu en usant de leurs charmes sur scène devant ces dames en goguette. Mais là où le réalisateur Peter Cattano mettait en avant le contexte social et des protagonistes atypiques, très couleur locale, Steven Soderbergh privilégie le spectacle, oubliant jusqu’à ses personnages quelque peu monolithiques et simplistes, pour finir sur une conclusion moralisatrice.
Dramaturgie paresseuse
Une fois son contexte et son intrigue plaisamment installés, Soderbergh aligne avec complaisance les scènes de strip-tease, certes assez drôles. Mais leur répétition encombre la teneur dramatique qui, du coup, passe à l’as. D’autant qu’elle est nourrie de clichés attendus : le bon gars persécuté, le naïf aveuglé par une réussite factice, une frangine protectrice, la drogue, l’alcool, les filles…
Sans peser « Magic Mike » à l’aune de « Full Monty », le film de Soderbergh laisse transparaître une paresse certaine. Ce qui aboutit à un ennui prégnant étendu sur une heure-cinquante, durée beaucoup trop longue, l’intrigue étant rapidement bouclée, avec une évolution précipitée et une conclusion attendue. Les comédiens sont pourtant talentueux et leurs rôles attachants (excellent Matthew McCanaughey en patron paternaliste aux dents longues et ravageur). Non, c’est bien dans la teneur dramatique et la narration que le bât blesse. Soderbergh n’enlève pas le bas.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.