33 ans après son film aux 10 millions d’entrées, Coline Serreau met en scène cette histoire désopilante avec une excellente bande de jeunes comédiens. La pièce se joue jusqu’au mardi 18 septembre au Théâtre du Gymnase, la dernière représentation étant retransmise en direct sur France 2 à 21H10.
Le décor est très sobre : un salon presque vide avec en face, trois portes, les chambres respectives de Jacques, Pierre et Michel, trois colocataires et célibataires endurcis. Jacques, steward et incorrigible séducteur s’en va pour un nouveau voyage à l’autre bout de la planète, laissant ses deux comparses dans l’appartement. Beaucoup connaissent la suite : on sonne à la porte, Pierre et Michel ouvrent… Sous leurs yeux ébahis, posé, par terre, un couffin avec un bébé. S’ensuivront les aventures rocambolesques de ces deux jeunes hommes pas franchement préparés à la paternité. D’abord très en colère contre leur pote Jacques, qui bien sûr est le père de l’enfant, ils finiront par fondre de tendresse pour l’adorable petite Marie.
Réactualisation
"Pendant 30 ans on m’a demandé de faire de mon film une pièce de théâtre, nous confie Coline Serreau, mais il y avait déjà un remake américain, un remake indien, et puis une suite…. Finalement, je me suis laissée tentée car au bout de 30 ans, il y avait forcément un travail à faire sur le texte, et ça, ça m’intéressait". Car si l’histoire est absolument la même, il fallait effectivement réactualiser un minimum les situations. On ne vit plus tout-à-fait de la même manière en 2018 qu’en 1985. Impossible de communiquer autrement qu’avec les téléphones portables, difficile de ne pas évoquer les réseaux sociaux, et les deux roues sont plus des scooters que des mobylettes ! Mais les scènes cultes, elles, sont bel et bien là.
Rires et émotions
Celle de la pharmacie par exemple. Entre les laits premier âge, deuxième âge, maternisés, pas maternisés, puis les couches maxi-top, hydro-plus… Nos deux nounous malgré "eux" s’arrachent les cheveux, et c’est hilarant. Idem quand la nurse sollicitée par Jacques (une fois revenu de son voyage) est renvoyée par Pierre : "Ecoutez Madame Parons, Rompas… Rapons, Madame Rapons… Madame Ponras, Rapons, merde… ! » Beaucoup de rire mais de l’émotion aussi, et une excellente interprétation qui aide beaucoup à passer de l’un à l’autre.
Beau casting
Les trois acteurs principaux ont été particulièrement bien choisis. Dans le rôle de Jacques, le beau gosse, c’est Alex Vizorek qui succède à André Dussolier. Pierre est interprété par l’humoriste Ben, ici plutôt sobre et crédible dans le rôle qu’avait Roland Giraud en 1985. Enfin pour reprendre le personnage de Michel, incarné à l’époque par Michel Boujenah, c’est Bruno Sanches, que les téléspectateurs connaissent bien dans le duo Catherine et Liliane diffusé sur Canal +. Les bouclettes et le visage poupon font vraiment penser au jeune Boujenah des années 80. Et l’on n’oublie surtout pas les seconds rôles, assez exceptionnels dans cette distribution. Les cinq comédiens et comédiennes entourant le trio principal incarnent tous entre 4 et 11 (mention spéciale pour Barbara Bolotner) personnages. On retiendra la drôlerie de la pharmacienne, interprétée par Antonia de Rendinger, qui joue également le rôle de la mère de Jacques, désopilante vieille dame maniant à merveille Snapchat et Instagram (ce que Marthe Villalonga aurait eu du mal à faire en 1985 !).
Pari réussi
Au final, on ne voit pas passer ces presque deux heures de théâtre, que l’on connaisse d’ailleurs le film ou pas. Mais il faut reconnaître que le public vient surtout pour découvrir sur les planches un film qu’il connaît par cœur. Un défi supplémentaire pour Coline Serreau et ses comédiens. Comme le dit très justement Alex Vizorek : "Les spectateurs sont de vrais fans de ce film culte, il ne s’agit pas de les décevoir !". Pari donc un peu risqué mais totalement réussi. Et pour une fois, le public parisien ne sera pas le seul à passer une bonne soirée, les téléspectateurs de la France entière pourront apprécier 3 hommes et un couffin, la pièce, confortablement assis dans leur salon.
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