Novarina met en pièce le monde de l'entreprise au TNP de Villeurbanne
Mais ne vous y trompez pas, Valère Novarina ne cherche aucunement à recréer un réalisme social. Les comédiens aux costumes stylisés et au jeu proche d’une commedia dell arte contemporaine sont là pour balancer un texte. Pour le jouer, le faire sonner lui donner toute son efficacité.
M. Boucau, le patron, interprété avec toute l’outrance nécessaire par Olivier Martin-Salvan dit à propos de ses ouvriers : « je féconde l’homme, il produit pour moi ».
Lorsqu’il fait semblant d’ouvrir un dialogue social, ou lorsqu’il envoie ses ouvriers pour quelques jours en congés au bord de la mer ce n’est que pour leur redonner la force nécessaire à la production.
Novarina se moque l’air de rien de ces rapports sociaux empreints de cynisme et d’artifices que l’on retrouve parfois aujourd’hui dans les grandes entreprises.
Le public de 2012 rit jaune de ces mots écrits à la sortie des années de prospérités et de mai 68. La crise est passée par là et les dialogues giflent les consciences encore plus aujourd’hui qu’en 1971.
Le monde de l’entreprise n’a pas vraiment changé. Le théâtre et ces codes de jeu ont un peu vieilli. Mais l’art des formules raccourcies et fleuries, gardent toute son efficacité. Quand le patron parle de maketing, de coaching, de tout ce que vous voudrez en …ing, un ouvrier demande : « est ce qu’on peut prendre votre vocabulaire sans vos opinions ? » Cette vraie fausse candeur ouvrière résume bien ce petit traité poétique absurde de l’économie d’entreprise.
Dès sa première pièce tout l’univers de Valère Novarina était déjà là.
« L’atelier volant » de Valère Novarina jusqu’au 13 octobre au TNP.
« Un poète et tout sera sauvé » dans le cadre du centenaire Jean Vilar jusqu’au 31 octobre au TNP à Villeurbanne (69)
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