Lyon: Rodolphe Burger et la Compagnie Turak à la Croix-Rousse
- Drôle d’endroit pour une rencontre -
"On nous a dit : il faut faire un « klüb » !?!". Sous une lumière crue, seul en scène avec un improbable accent lorrain, Michel Laubu introduit la soirée. «Le klüb », c’est l'une des dernières trouvailles du directeur du théâtre de la Croix-Rousse, Jean Lacornerie. Une manière agréable de prolonger en musique la vie artistique du lieu et d’y introduire une nouvelle dimension onirique avec cette double contrainte d’une rencontre « improvisée » et d’un évènement unique. Pour ce club, le fondateur du théâtre « Turak » s’est tout naturellement tourné vers Rodolphe Burger, le rocker alsacien, ex-leader de « Kat Onoma », avec qui la compagnie travaille depuis plusieurs années.
- Bienvenue en Turakie -
Voici donc Rodolphe Burger, avec son aura de rockeur pur jus, mâtinée de jazz et nourrie au blues en version single malt, plongé en pleine « Turakie », ce pays imaginaire créé de toutes pièces, il y a plus de vingt ans, par Michel Laubu. Un univers composé d’objets détournés et de marionnettes iconoclastes, régie par des mythologies anciennes et répondant à des langues étranges. Un univers déjanté dans lequel le musicien alsacien s’est laisse noyer avec la même aisance qu’un poisson dans l’eau de son bocal.
- La bande à Burger -
A Sète, en 2010, le guitariste et chanteur faisait un retour remarqué, avec sa propre compagnie, en proposant deux spectacles : « Le Velvet », un hommage au Velvet Underground inspirateur de « Kat Onoma » et de sa passion du rock, et « Le Cantique des cantiques » issu d’un travail particulier à la demande d’Alain Bashung pour célébrer son mariage en 2001. Depuis la disparition de « Kat Onoma » en 2004, Rodolphe Burger joue ainsi du clair-obscur, comme il aime le faire dans sa musique. Il s’expose temporairement à la lumière des projecteurs, avant de replonger dans le noir jusqu’à sa prochaine apparition. Entre-temps, il nourrit son particularisme, cultive son jeu de guitare et élabore de nouvelles sonorités électroniques qui viendront renforcer sa recherche d’une musique planante et obsessionnelle. Une créativité qu’il met au service de nombreux artistes et dont profite la compagnie « Turak » pour porter ses spectacles.
- La recette club -
Une tranche de Turak entre deux morceaux de Burger, la recette proposée par
le théâtre de la Croix-Rousse n’a pas laissé le public sur sa faim. Pendant près d’une heure et demie, les spectateurs ont été transportés par les sonorités envoutantes de Burger auxquelles le monde imaginaire du Turak donnait corps. Entre clip minimaliste, dessins à l’encre et dérives improbables à bord d’une baignoire, la salle a chaviré dans une douce et délicieuse extase. Les acteurs de cette soirée improvisée ont même eu le droit à une standing ovation. Offrir aux spectateurs le privilège d’assister à un évènement unique, c’est aussi ça l’esprit « klüb ».
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