"Les Beaux" de Léonore Confino au théâtre du Petit Saint-Martin : méfiez-vous de Ken et Barbie !
Un couple se désintègre sous la plume acérée de Léonore Confino : Elodie Navarre et Emmanuel Noblet forment un duo aussi talentueux qu'audacieux.
"Tu es belle-tu es beau (Nous sommes beaux)" : ces deux-là s’aiment comme dans une de ces romances sur papier glacé. Heureux et béats d’autosatisfaction. Lui travaille dans une grande société de recrutement, elle a arrêté de travailler pour se consacrer à leur fille Alice, 9 ans. La petite fille que l’on ne verra jamais, joue dans sa chambre avec ses poupées Ken et Barbie, l’exacte réplique de ses parents… au moins en surface.
Quand le miroir se brise
Car le miroir se fissure brutalement et l’on découvre atterré un couple en pleine crise. Côme de Belliscize, le metteur en scène, déclenche habilement la bascule entre les apparences et la terrible réalité de parents hors d’eux, chacun hurlant sa colère et sa rancoeur à la face de l’autre, sans qu’on en comprenne pour l’instant les raisons profondes.
Alice n’est pas une petite fille tout à fait comme les autres, apprend-on peu à peu. Elle ne parle pas et développe de graves troubles du sommeil. Et voilà les parents pris dans une spirale infernale de violence animale où chacun se met à détruire cet intérieur douillet, cadre de leur bonheur apparent, en surenchérissant l’un sur l’autre.
La force et la justesse d'Elodie Navarre et Emmanuel Noblet
Emmanuel Noblet (que l’on est heureux de retrouver après sa remarquable adaptation du roman de Maylis de Kerangal "Réparer les vivants") et Elodie Navarre incarnent avec force et justesse ces deux volcans en irruption, inconscients des répercussions dévastatrices de leurs névroses.
Léonore Confino ausculte avec impudeur ce couple en rupture, dans un texte qui monte en puissance, tout en n’oubliant jamais d’épingler nos frustrations contemporaines de bobos urbains en quête de sens.
Le malaise vient surtout du rôle de l’enfant, dérangeant, jamais vraiment explicite. Situation à laquelle nous avons été sensible mais qui peut en frustrer certains.
Mais il est vrai qu’on est d’abord impressionné par le jeu des deux acteurs, tour à tour secoué et ému par ces deux êtres aussi puérilement drôles que monstrueux, effrayants et touchants dans leur combat final pour préserver leur amour…
"Les Beaux" de Léonore Confino
Théâtre du Petit Saint-Martin
17 Rue René Boulanger, 75010 Paris
01 42 08 00 32
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