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Le grand retour du "Père Noël est une ordure" : on y était !

"Le Père Noël est une ordure" revient au théâtre, mis en scène par Pierre Palmade. Nous avons assisté aux dernières répétitions et à l'avant première à Romans-sur-Isère. C’est cela, oui !
Article rédigé par franceinfo - Christophe Airaud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Première du "Père Noël", le 5 septembre 2014 à Romans (Drôme)
 (Fabrice Anterion)
Reportage : C. Airaud /  V. Vermot-Gaud / P.Auger / M. Olico
"C’est cela, oui"

Quand, tout début janvier 2014, Pierre Palmade annonça que "Le Père Noël est une ordure" serait de retour sur les planches, ses amis ont dû s’écrier : "C’est cela, oui..." "C’est cela, oui" : la réplique culte de  Pierre Mortez, interprété par Thierry Lhermitte dans" Le Père Noël est une ordure".

On l’oublie parfois, "Le Père Noël", le film, est l‘adaptation d’une pièce de théâtre. En 1979, la troupe du Splendid sort du tournage des "Bronzés font du ski" et se retrouve pour l’écriture d’une nouvelle pièce.

Ce sont Jugnot et Lhermitte qui s’y collent, sans retenue, trash, le politiquement correct n’est pas encore né. La cible : « les pôvres ». Dans "Les bronzés", ils ont réglé leur compte à la classe moyenne, le pari cette fois-ci est de s’attaquer à tous les paumés et les déshérités. Quoi de mieux qu’une nuit de Noël pour saccager les bien-pensants ? Le lieu : la  permanence de « SOS détresse amitié », la basse-cour de toutes les médiocrités et les bassesses. Rire sale et satire du charity business.

Extraits de la version originale (Splendid - 1979)
La suite est connue : la pièce est un triomphe, le théâtre du Splendid est trop petit. La troupe s’exile pour 200 représentations à la Gaité Montparnasse, une tournée à travers la France suivra. Le film sort sur les écrans en 1982, il attire 1 604 220 spectateurs à sa sortie. C’est déjà un succès, pas encore un triomphe, mais en devenant le marronnier des soirées télé de Noël, il deviendra le blockbuster des familles.

Depuis 35 ans, des troupes amateurs, des bandes de copains ont joué "Le Pere Noël". Mais jamais une troupe professionnelle n’avait eu l’accord des auteurs pour faire remonter sur scène Thérèse, la charitable BCBG coincée, le banal mais lubrique Pierre Mortez, Zézette la clocharde gouailleuse, Katia le travelo, Monsieur Preskovic et ses ignobles doubitchous, le tout accompagné par Felix, l’affreux sale et méchant Père Noël.

"Pas de copier-coller, à vous de jouer et faites vous plaisir"

Vendredi 6 septembre, Romans-sur-Isère, une petite place ombragée, la troupe à Palmade est là au complet. À la terrasse du bien nommé «  bar à vin », leur cantine pour cette dernière semaine de répétition, ils sont attablés. L’ambiance est faussement détendue. Rires un peu forcés, Pierre Palmade plus meneur de bande que jamais, rassure, motive, mime chaque personnage, revient sur une réplique surjouée la veille à la générale.

Nous sommes à 6 heures de la première et tous savent que le retour du "Père Noël" est un pari. Comment ne pas plagier Jugnot, Lhermitte, Chazel ou Anémone ? Sur scène ou à l’écran, les comédiens du Splendid incarnent à jamais les personnages. "Ce n’est pas un karaoké, il ne faut pas que les répliques culte sonnent comme des citations", recommande Palmade. "Vous devez vous accaparer chaque personnage, pas de copier-coller, à vous de jouer et faites vous plaisir, oubliez le film !!!" 
La troupe à Palmade
 (Fabrice Anterion/PHOTOPQR/LE DAUPHINE)
Suivre Palmade diriger ses acteurs est déjà un vrai spectacle

Sur la scène du Théâtre des Cordeliers, leur lieu de résidence à Romans, suivre Palmade diriger ses acteurs est déjà un vrai spectacle. Il marche de long en large, galope d’avant en arrière, souffle coupé, regard fixe. Palmade est "l’entraineur de théâtre". Il sait trop qu’un acteur comique est sur le fil du rasoir, que la drôlerie flirte avec le ridicule. "Ne fais pas la comédienne qui veut faire rire", murmure-t-il au milieu d’une réplique. "Ne t‘adresse pas à la salle, ne surjoue surtout pas, adresse-toi a ton partenaire."

Avec "la Troupe à Palmade", il a créé sa bande, son groupe de comédiens. Cinq ans que ça dure, et s’il ne l’avoue pas tout à fait, il rêve que cette troupe soit reconnue, l’exemple du Splendid n’est sûrement pas loin.

400 spectateurs pour une première

20h. La salle s’éteint. Palmade est au 15e rang. 400 spectateurs pour une première. Une heure 26 minutes pour retrouver les répliques, les dialogues : "C'est fin, c'est très fin, ça se mange sans faim !", "Ça dépend, ça dépasse ! ", "Je ne vous jette pas la pierre, Pierre" défilent. 
400 spectateurs pour une Première
 (Fabrice Anterion/PHOTOPQR/LE DAUPHINE)
Un sentiment d’imitation effleure dans le premier quart d’heure, il fait un peu son Lhermitte, il plagie un peu Jugnot, puis les dialogues s’emballent, la permanence de "SOS détresse amitié" vire à la farce ignoble et pathétique. Les six paumés prennent vie et la salle rit, comme libérée elle aussi du souvenir du film.

22h. Karen et Sandra, 30 ans à peine, sont venues de Valence. Chaque Noël, entre copine, elles s’installent sur leur canapé avec chips et champagne pour réveillonner avec le "Père Noël". "C‘est formidable, plus drôle encore qu’à la télé, on a l’impression de les voir en vrai !" Les deux amies n’étaient pas nées quand la troupe du Splendid bousculait le théâtre de boulevard. Pour elles, "Le Père Noël est une ordure" sera, au théâtre, celui de la bande à Palmade. Et comme le répète inlassablement Pierre Mortier : "C’est cela, oui..."

"Le Père Noël est une ordure" au Théâtre Tristan Bernard (Paris)
A partir du 12 septembre
67 rue du Rocher, Paris VIIIe
Réservations : 01 45 22 08 40


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