Festival Paris l'été : participer à un atelier de danse avant d'assister au spectacle
Le Festival Paris l'été se déroule du 12 juillet au 1er août. Dans divers lieux parisiens, une farandole de spectacles et d'installations, mais aussi des ateliers et masterclasses. Reportage.
Le festival Paris l'été présente du 12 juillet au 1er août sa 31e édition. Danse, musique, cirque et théâtre, une sélection d'une trentaine de performances et d'installations est proposée dans divers lieux à Paris et en banlieue. Depuis 2018, en marge des spectacles, le festival propose des stages et des masterclasses. Nous avons assité à un atelier de danse dirigé par un membre de la troupe israélienne L-E-V.
"On a un public qui aime participer, avoir un contact direct avec les artistes. On organise beaucoup de "bords de plateaux" et de rencontres avec les artistes donc on s'est dit : "Pourquoi pas aller plus loin en proposant aux gens de faire des stages ?"" explique Sarah Bornstein, responsable des publics et chargée de développement du festival.
La masterclass : "une expérience unique"
Ce mardi 20 juillet, le gymnase du lycée Jacques Decour, situé dans le 10e arrondissement, se transforme en studio de danse contemporaine le temps d'une masterclass de deux heures animée par la danseuse suédoise Rebecca Hytting. Elle fait partie de la troupe L-E-V, dirigée par la chorégraphe israélienne Sharon Eyal, qui présente pendant le festival quatre dates de son spectacle Love Chapter 2. Vingt participants de tous les âges, danseurs professionnels ou amateurs, vont apprendre sous sa direction un morceau de la chorégraphie qui a déja une belle renommée à l'international.
La séance commence par 45 minutes d'échauffement : Rebecca Hytting demande à l'assistance de commencer à bouger chaque partie de son corps. Elle appelle à sentir chaque geste, chaque muscle, chaque os, à sentir une fluidité intérieure "imagine there is an ocean inside of your body / imagine you are a snake." ("imaginez qu'il y a un océan à l'intérieur de votre corps / imaginez que vous êtes un serpent."). Benjamin, 40 ans, en formation au Studio harmonique à Paris, s'extasie "la méthode Gaga, c'est ça, pendant trois quarts d'heure, tu essayes de chercher les choses à l'intérieur de toi !" En effet, la troupe de Sharon Eyal pratique le "Gaga", une technique de danse contemporaine originaire d'Israël qui encourage davantage le ressenti que la technique.
Et cela plaît : "C'est complètement différent de ce qu'on fait au conservatoire, c'est très israélien, on est fan de ce style !" s'exclame Eléonore, 20 ans. Elle est venue avec son amie et camarade de classe Bernadette, 37 ans, qui explique qu'"au conservatoire c'est beaucoup plus académique, il y a beaucoup plus d'exercices essentiellement sur la technique, l'équilibre et la puissance."
"C'est le pied !"
La séance se poursuit, place à l'apprentissage de la chorégraphie choisie par la danseuse. "It's not easy" ("ce n'est pas facile") prévient-elle en riant. Les participants répètent méticuleusement ses mouvements, demandent des précisions, tous très concentrés. "So beautiful" ne cesse de répéter la danseuse. L'atmosphère est bienveillante, l'objectif n'est pas d'atteindre la perfection mais de travailler la continuité du mouvement et l'expansion du corps. "C'est vraiment un travail d'interprétation, et comme on n'a pas de miroir, on ne cherche pas à la copier !" s'émerveille Benjamin après le cours, le front luisant de sueur.
Lara, 45 ans, grande amatrice de danse sort du stage enchantée. "Quand j'ai vu que le festival avait plein de danse, j'ai pris un pass pour voir des spectacles, parce qu'on est en manque de tout en ce moment... Et pouvoir faire ce stage pour 15€ c'est une chance, ça se passe sur un terrain de basket mais c'est le pied ! ". Sarah Bornstein, qui assure l'accueil des participants se réjouit, "d'habitude, les artistes internationaux comme elle ne sont accessibles qu'aux professionnels, donc on aime bien offrir ça aussi à un public d'amateurs".
A la sortie tous les participants sont en nage mais ravis. "C’est un niveau assez avancé mais la facon dont Rebecca transmet permet à quiconque ayant fait un peu de danse, de toucher du doigt la sensibilité artistique de la chorégraphe, c’est hyper précieux ! " insiste Lara. Tous les participants n'ont pas encore vu le spectacle mais beaucoup comptent bien assister à l'une des représentations programmées chaque jour jusqu'au samedi 24 juillet. "D'avoir un pied dans le spectacle puis de le voir, c'est une chance !" s'enthousiasme Eleonore.
Un festival qui rend hommage aux arts du cirque
Si le festival attire autant les danseurs, c'est que beaucoup des propositions faites par les organisateurs se basent sur la corporalité. La programmation fait la part belle à la danse et au théâtre mais aussi au cirque. Du funambuliste Olivier Debelhoir à la trapéziste Chloé Moglia, en passant par Bartabas et son cheval, le festival souligne la diversité et la richesse des arts du cirque, ainsi que leur capacité à nous transporter dans des univers atypiques et magiques.
Les interprètes du Groupe acrobatique de Tanger présentent notamment "Fiq! Réveille-toi", un spectacle dynamique à l'ambiance hip-hop, mis en scène par la circographe Maroussia Diaz Verbèke. À retrouver du mercredi 28 au samedi 31 juillet, tous les soirs à 22h au Lycée Jacques Decour.
Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, les deux co-directeurs du festival en poste depuis 2017, sont eux-mêmes issus du monde du cirque : en 1993 ils ont co-fondé la compagnie Les Arts Sauts et dirigent depuis 2009 le Monfort Théâtre. Pour cette édition ils ont fait venir le clown russe Slava Polunin avec son spectacle tourbillonnant "Slava's Snow show". De la neige en plein été mais surtout beaucoup de féérie à retrouver le 31 juillet et le 1er août au Moulin Jaune à Crécy-la-Chapelle (Seine-et-Marne).
Des projets "hors-normes"
Il n'y a pas forcément de thème à ce festival mais "le fil rouge de la programmation c'est d'essayer de proposer des projets hors-normes" explique Sarah Bornstein, "pas seulement des spectacles dans des 'boîtes noires' classiques". Le festival propose par exemple un spectacle immersif au Grand Palais Éphémère, où les spectateurs déambulent en petits groupes et intérragissent avec des "experts" incarnés par des comédiens. "Société en chantier" imaginé par collectif Rimini Protokoll, permet de découvrir ce lieu insolite en appelant à réfléchir sur le thème des chantiers, de l'urbanisme et de la démocratie.
Paris l'été présente également une installation inédite en bois dans la forêt de Bondy, imaginée par l'architecte Feda Wardak. "En-dessous, la forêt" devient la scène, le temps du festival, d'une création chorégraphique qui, elle aussi, pousse à repenser l'urbanisme.
[REALISATION] « En dessous, la forêt » est une installation monumentale en bois conçue par l’architecte et chercheur Feda Wardak dans le cadre de sa résidence aux Ateliers Médicis. À voir tout l’été dans la forêt régionale de Bondy.#AMCarchi #teamarchihttps://t.co/9NC0hWwJI2 pic.twitter.com/jqNcHEz5O3
— AMC Architecture (@AMC_archi) July 21, 2021
Le festival a lieu cette année du 12 juillet au 1er août 2021, retrouvez toute la programmation ici
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