La pièce "Christine, la Reine garçon" triomphe à Montréal
"Laide et séduisante", la reine suédoise cherchait sa vérité
"Christine, la Reine garçon" a été écrite par l'auteur canadien Michel Marc Bouchard et mise en scène au Théâtre du Nouveau Monde par Serge Denoncourt, avec Céline Bonnier dans le rôle de la souveraine francophile au physique ingrat mais à l'intelligence brillante et à la volonté inébranlable. Son crédo : "Renier mon peuple, renier ma foi, renier mon père, renier tout ce que je suis pour être ce que je veux être."
"Le château d’Uppsala, 1649. La terrible reine Christine, laide et séduisante, plus mâle que ses hommes de guerre, plus politique que ses diplomates, plus érudite que ses savants, fait venir dans son royaume de grisaille et de glace le philosophe français René Descartes afin qu’il lui enseigne le mécanisme des passions qui habitent l’âme et le corps humains.", résume le Théâtre du Nouveau Monde sur son site.
"Tiraillée entre le masculin et le féminin, entre foi et savoir, entre la rigueur de Luther et les splendeurs du catholicisme, entre son amour pour une femme et l’État qui exige un héritier, Christine de Suède cherche la vérité, sa vérité — en dépit de la rapacité des nobles, de l’ardeur des prétendants, de la folie de sa mère et, surtout, en dépit des fulgurances de ses propres passions."
Une pièce traversée de questions historiques et philosophiques
Le décor est minimaliste, les costumes inspirés du 17e siècle, mais monochromes gris-argent, et la lumière crépusculaire. Quant à la musique, elle est moderne et syncopée.
La question de l'amour et du sexe est au premier plan, avec des scènes de viol raté organisé pour produire un héritier au trône, et avec l'amour trouble de la reine pour une belle dame d'honneur. Mais malgré sa forte charge érotique, la pièce véhicule bien d'autres thèmes historiques et philosophiques.
Il y a ainsi le dilemme de tous les monarques obligés de choisir entre leur bonheur personnel et leur devoir à l'égard de leur peuple, leur nation, leur pays. L'empire suédois de Christine est peuplé de mineurs, bûcherons et rudes soldats, dont elle veut faire des fins lettrés, savants et philosophes.
Ou le choix entre la paix et la guerre. Cette dernière apparaît au conseiller de la reine, le chancelier Oxenstierna, comme le meilleur moyen de bâtir l'Etat et la cohésion nationale. Mais Christine imposera la paix de Westphalie. Et les chevaux militaires seront tués et mangés.
Mais encore l'hésitation entre le dur luthéranisme suédois et le doux catholicisme latin, auquel l'ambassadeur de France l'encourage à se convertir. Ce sera chose faite après son abdication en 1654 en faveur de Karl Gustave, dont elle fait son successeur faute de l'avoir voulu pour mari.
Tous ces débats sont ponctués de commentaires de Descartes, qui avait réellement rejoint la cour de Christine et fini ses jours en Suède, et qui avait profité de sa faveur pour découper des cadavres à la recherche d'une glande censée contenir l'âme humaine.
Michel Marc Bouchard parle de "Christine, la Reine garçon"
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