« La grande et fabuleuse histoire du commerce » au TNP de Villeurbanne
Dans les années 60, cinq hommes se retrouvent tous les soirs dans la même chambre d’hôtel pour faire le bilan de leurs maigres ventes en porte à porte. Quatre vieux routards des sonnettes tirées et des portes prises dans la figure et un jeune apprenti des ficelles de la vente à domicile s’échangent leurs impressions de terrains de travail. Les scènes de ce quotidien du soir sont courtes, régulières, répétitives. Les procédés cinématographiques, fondus au noir, micro amplifiant le ton bas des dialogues des comédiens font pourtant que tout change à chaque fois, glisse, dérape.
Le jeune représentant prend des vestes mais petit à petit, il gagne en assurance, change d’attitude, de langage. La confiance en eux des anciens se fissure. « Le monde des faux semblants et des vraies valeurs détournées et instrumentalisées », comme les appelle Joël Pommerat, fait son œuvre. Les états d’âme disparaissent. Il faut vendre à tout pris. « Un bon vendeur est quelqu’un qui donne l’impression de ne pas vendre. »
Trente ans après, la situation s’est inversée. Le jeune a réussi. Il donne des conseils à quatre seniors en fin de course : comment vendre des encyclopédies improbables à des familles sans le sou dans des immeubles aux portes qui restent fermées ? Peu importe, là n’est pas l’essentiel. Ceux qui semblaient forts montrent leurs faiblesses. Le vernis du bon vendeur craque face à sa vraie nature. Avec réalisme, les cinq comédiens révèlent comme à l’habitude dans le travail de Joël Pommerat, les dérives du comportement humain.
« La grande et fabuleuse histoire du commerce », au TNP de Villeurbanne jusqu’au 1er décembre
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.