L'acteur Michel Robin, figure de la Comédie-Française et célèbre second rôle au cinéma, est mort à l'âge de 90 ans
Le comédien, particulièrement apprécié au théâtre, avait fait des incursions fréquentes remarquées au cinéma et à la télévision ("La Chèvre", "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain", "Un long dimanche de fiançailles"...).
Michel Robin, ex-sociétaire de la Comédie-Française et acteur de cinéma, est mort le 18 novembre 2020 des suites du coronavirus. "L’ensemble des personnels de la Comédie-Française ont l’immense tristesse d’annoncer le décès de Michel Robin survenu [...] à l’âge de 90 ans, des suites de la Covid-19", a annoncé la Comédie-Française dans un communiqué. "Nous avons tous un souvenir précis de Michel, parti il y a dix ans déjà de notre théâtre. De sa tendresse et de son humour dévastateur. De sa dent aussi, carnassière et drôle", a ajouté l'administrateur général de l'institution, Eric Ruf.
Michel Robin est décédé le 18 novembre. L'année dernière, il était au Studio-Théâtre pour un entretien avec @mathildeserrell.
— Comédie-Française (@ComedieFr) November 19, 2020
Nous republions aujourd'hui son « Paradoxe(s) » pour lui rendre hommage : https://t.co/Dg48I63nsT
Grand comédien de théâtre
Né le 13 novembre 1930 à Reims (Marne), Michel Robin - bien que complexé par un physique de bonhomme dégarni, un visage lunaire et plus tard une silhouette courbée - débute sa carrière sur les planches à 26 ans, après des études de droit. Elève du cours Dullin, il entre d'abord dans la troupe de Roger Planchon au Théâtre national populaire à Villeurbanne.
Entre 1958 et 1964, il joue dans 17 spectacles, avant d'intégrer la compagnie Renaud-Barrault et d'interpréter la pièce marquante En attendant Godot de Samuel Beckett. "Cela peut paraître prétentieux mais chez Beckett je suis chez moi. C'est tellement drôle et tellement affreux en même temps", confie-t-il plus tard au Monde.
Avant son entrée à la Comédie-Française en 1994 - il en restera sociétaire jusqu'en 2010 - Michel Robin s'illustre déjà sur les planches. Dans Le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare par Petrika Ionesco, Le Capitaine Fracasse de Théophile Gautier mis en scène Marcel Maréchal ou encore Le Balcon de Jean Genet, dirigé par Luis Pasqual.
Dans la maison de Molière, il joue sous la direction de Brigitte Jaques-Wajeman, Piotr Fomenko, Lukas Hemleb, Denis Podalydès... On se souvient de son interprétation dans Les Fausses Confidences de Marivaux en 1996 avec Jean-Pierre Miquel à la mise en scène, Le Bourgeois gentilhomme de Molière par Jean-Louis Benoît en 2000, Le Dindon de Feydeau par Hemleb deux ans plus tard ou Ubu roi d'Alfred Jarry dirigé par Jean-Pierre Vincent en 2009.
Au cours de sa longue carrière, il aura manié les mots de Feydeau, Ionesco, Beaumarchais, Anton Tchekhov ou encore Beckett, toujours avec succès. En témoigne un Molière du comédien dans un second rôle pour La Traversée de l'hiver de Yasmina Reza en 1990. Sa dernière apparition au théâtre a lieu en 2014 pour Les Méfaits du tabac de Tchekhov, mis en scène par Denis Podalydès au Théâtre des Bouffes du Nord.
Éternel second rôle à la présence singulière
Au cinéma, il apparaît entre autres dans deux films de Claude Chabrol (Le Cheval d'orgueil, Merci pour le chocolat), dans La Chèvre de Francis Veber, Le fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet ou encore L'Aveu de Costa-Gavras...
Modeste employé de bureau ou accordeur de piano, gentil clochard ou serviteur hors d'âge, il a collectionné les seconds rôles au cinéma comme au théâtre, attirant par sa présence familière une indéfinissable sympathie.
Des rôles de fidèles serviteurs sur les planches (Trivelin dans La Double inconstance, Firs dans La Cerisaie) et de vieillards au regard doux sur grand écran, figure de grand-père de toute une génération (comme dans Un long dimanche de fiançailles). "Je ne comprends pas pourquoi on me distribue toujours à contre-emploi dans ces rôles de vieux larbins alors que je suis fait pour jouer le Cid !", plaisantait-il en 2003 dans Le Monde.
Artiste complet
Son rôle dans Les Petites Fugues d'Yves Yersin lui vaudra en outre, en 1979, le Grand prix d'interprétation du jury du Festival de Locarno. Michel Robin s'était également fait une place de choix à la télévision, notamment avec un rôle récurrent dans Boulevard du Palais, Les Enquêtes du commissaire Maigret, et dans tous les épisodes de la version française de Fraggle Rock (1983).
Chevalier de l'Ordre national du Mérite, officier des Arts et des lettres, l'acteur avait ainsi enchaîné les projets artistiques (cinéma, théâtre, télévision, doublage) au cours d'une carrière d'une grande richesse. "Nous perdons un grand-père, un père de théâtre, un ami, un grand comédien", conclut Eric Ruf dans le communiqué.
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