Festival Off d'Avignon, Clémentine Célarié porte avec ferveur la langue de Maupassant dans "Une vie"
Clémentine Célarié endosse le costume de Jeanne Le Perthuis des Vauds, héroïne du premier roman de Guy de Maupassant, pour un seul en scène bouleversant présenté au théâtre du Chien qui fume.
Il y a la langue dense et ciselée de Guy de Maupassant. Il y a cette falaise d'Etretat, décor sauvage entre la vie et la mort où Jeanne se remémore la jeune femme qu'elle était, naïve et prête à donner sa vie pour l'homme idéal. Il y a surtout la fougue et la ferveur de Clémentine Célarié habitée par l'héroïne d'Une vie, premier roman de Maupassant écrit en 1883. C'est un peu tout cela que les spectateurs du Théâtre du Chien qui fume applaudissent chaque soir de longues minutes. Le spectacle est quasiment complet depuis la première et le bouche à oreille dans les rues d'Avignon promet à la pièce un bel avenir.
Des premiers émois amoureux aux désillusions brutales
Cette pièce, c'est Clémentine elle-même qui en est à l'origine. "C'est Maman qui m'a donné Une Vie, c'était il y a deux ans, raconte-t-elle. Elle ma dit tu vas voir ma chérie ça va te plaire." La comédienne s'est chargée de l'adaptation du roman, sélectionnant les moments clefs de la vie de Jeanne et s'affranchissant de la chronologie du texte. Ecrit à la troisième personne, elle a aussi choisi de le transposer sur scène à la première personne.
De ses premiers émois amoureux aux désillusions brutales, la vie de Jeanne est une vie parmi d'autres. Elle chavire et se relève sans cesse comme un modeste bateau en pleine mer. La nature tient chez Maupassant une place essentielle. "La mer est à elle seule, avec ses ressacs et son souffle toujours changeant, un personnage du roman, affirme Arnaud Denis dans sa note d'intention. C’est l’âme de Jeanne qui se déploie devant nous." Le metteur en scène a confié le décor à Hermann Batz. Le jeune peintre a réalisé trois tableaux figuratifs, une scénographie volontairement dépouillée pour laisser la place au texte.
Ne pas trahir le texte
Les moments d'exaltation et les chagrins qui se suivent dans un éternel recommencement sont portés avec passion par Clémentine Célarié. S'approprier le texte lui a demandé plus de quatre mois de travail. "C'est un truc de dingue, je n'ai jamais vu un spectacle aussi difficile, s'emporte la comédienne. C'est une langue très exigeante. On ne peut pas remplacer un mot par un autre."
On ne peut pas trahir un texte comme ça. Il faut que je l'entretienne tous les jours, c'est comme un muscle."
Clémentine Célarié
L'enthousiasme et l'émerveillement de la femme de théâtre transparaissent sur scène à chaque instant et nous transportent au gré des humeurs de l'héroïne. Elle l'avoue volontiers l'enjeu pour elle a été de rester calme, ne pas se laisser emporter par les passions de Jeanne. Les mots de Maupassant se suffisent à eux-même.
"Je n'ai jamais lu une oeuvre qui me rassurait tant sur ce que j'attends de la vie. J'attends de la vie que l'amour soit immense, infini, j'attends que la nature m'apaise. Il y a chez Maupassant un lien immédiat, pur et intact avec l'enfance... avec tout ce qu'on a en nous de plus beau."
Le public ne s'y est pas trompé. Il vient chaque soir s'ennivrer de ces mots.
Une Vie
De Guy de Maupassant
Mise en scène : Arnaud Denis
Avec Clémentine Célarié
Théâtre du Chien qui fume à 19h10
Du 5 au 28 juillet
Relâche les 10, 17 et 24 juillet
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