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Festival d'Avignon : "Mind the gap", exemple d'un collectif optimiste

Dans un contexte économique de plus en plus tendu, les jeunes compagnies de théâtre s'adaptent : mutualisation, formes simples et humilité.

Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
"Tonnerre dans un ciel sans nuage" au théâtre le train bleu (Collectif Mind the gap)

Avignon côté pile, c'est Architecture dans la prestigieuse cour d'honneur du Palais des papes. Pascal Rambert a ouvert le in. Le dramaturge et metteur en scène de 56 ans appartient à une génération qui a connu l'âge dor des années 80 et 90, celles de la décentralisation, quand l'argent public ne manquait pas et que le politique choyait le spectacle vivant.

Avignon côté face, c'est 1 592 spectacles dans le off, des centaines de petites compagnies fragiles qui jouent souvent leur peau en faisant le festival. "La contrainte économique, on grandit là-dedans" dit Thomas Cabel, l'un des cinq comédiens du collectif Mind the gap qui joue Tonnerre dans un ciel sans nuage, leur première création au théâtre "Le train bleu", l'un des meilleurs lieux du off cette année. 

Du burlesque au mélancolique

Le collectif naît en 2013, quand Thomas, Julia de Reyke, Anthony Lozano et Coline Pilet sortent du Conservatoire d’Art Dramatique d’Orléans. En 2016, Solenn Louër, comédienne également, rejoint l’équipe. Si le terme de collectif, apparu il y a une dizaine d'années, est un peu galvaudé, il trouve tout son sens avec Mind the gapSur scène d'abord : la pièce qui va du burlesque au mélancolique raconte la vie en commun de la compagnie, la difficulté à vivre et décider ensemble, mais surtout le bonheur palpable de partager une expérience. La structure n'est pas figée : en 2017, Julia de Reyke met en scène Le mariage de Gombrowicz, acte a priori solitaire, mais partagé au plateau avec les autres comédiens du collectif : "On ne s'interdit pas de mener un projet et de le proposer aux autres" explique-t-elle. 

On s'amuse sur scène de ce que signifie être un collectif

Anthony Lozano

Depuis le début du festival la pièce marche bien, les programmateurs viennent, c'est Léa Serror qui les accueille.Son activité est une tendance forte du moment : le bureau de production. Les compagnies ont compris qu'elles devaient, dans un premier temps du moins, se concentrer seulement sur l'artistique. L'administration, la diffusion, la communication sont déléguées à des structures légères qui mutualisent cette partie essentielle à la création. "On devient de vrais couteaux suisses, dit Léa Serror, car effectivement il y'a de moins en moins de moyens". Spécialisée dans l'émergence, elle intervient aussi pour conseiller les compagnies, faire en sorte que les artistes se connaissent et sortent de leur isolement. Cette génération fait preuve de résilience, nécessité fait loi. Coûts de production limités, multiplication des "seuls en scène", ce théâtre contemporain joyeux et qualitatif bouscule les habitudes et touche de nouveaux publics. La relève est là, c'est rassurant.

Le reportage à Avignon de Thierry Fiorile

"Tonnerre dans un ciel sans nuage" Collectif Mind the gap au théâtre le train bleu, Avignon off jusqu'au 28 juillet.

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