Eric Assous, l'auteur le plus prolifique du théâtre privé
En digne petit frère de Sacha Guitry, Eric Assous découpe les rapports homme femme en rondelles, avec cynisme et beaucoup d'esprit.
Devant le théâtre Tristan Bernard à Paris, je pensais rencontrer un séducteur un peu macho. Je me retrouve nez à nez avec un homme doux, presque timide. Dissimulé par une tignasse de cheveux couleur jais, un regard aiguisé, de ceux à qui rien n'échappe.
Le couple, il connait, Eric Assous a été marié 20 ans, aujourd'hui il préfère le pacs.
Sophie Jouve : Comment en arrive-t-on à écrire des pièces aujourd'hui ?
Eric Assous : "J'ai toujours écrit pour mon plaisir personnel depuis l'âge de quinze ans. J'écrivais des scénarios, des poèmes, enfin tout. J'étais un généraliste.J'ai fait tous les métiers de l'écriture, à commencer par auteur de café théâtre, ensuite j'ai fait des pièces radiophoniques, des téléfilms, du cinéma et parallèlement j'écrivais de temps en temps une pièce de théâtre. J'ai eu de la chance car je suis arrivé à un moment où on avait besoin d'auteurs.
S.J : Vous avez des modèles ?
E.A : Oui, j'avais des modèles d'auteurs, il y a beaucoup de gens que j'ai beaucoup admirés. Des scénaristes : je suis un inconditionnel de Jean Loup Dabadie, d'auteurs américains comme David Mamet, plus d'ailleurs sur le style que sur le fond. J'ai beaucoup appris en lisant les auteurs que j'admirais. Quand on commence à exercer un art c'est toujours pour ressembler à quelqu'un qu'on admire. Après peut-être que j'ai trouvé mon propre style et que j'ai réussi à créer un créneau.
S.J : Où puisez vous votre inspiration ?
E.A : Quand on me raconte une histoire et que je sens que ça aurait pu m'arriver, car j'estime être comme tout le monde, je pense qu'elle a une valeur universelle. Et donc j'essaie toujours de raconter des histoires où les gens se disent : ça pourrait être moi. Mes personnages ne sont jamais exceptionnels, ce sont des personnages un peu moyens, dans lesquels tout le monde se reconnait, enfin j'espère.
S.J : Des personnages en couple ?
E.A : Oui beaucoup et donc beaucoup d'adultères. Mais l'adultère c'est parce que ça crée des situations dramaturgiques fortes. Parce que l'adultère c'est le mensonge. Et la première chose qu'on apprend quand on veut créer une bonne histoire c'est le mensonge, parce qu'il induit de la manipulation, de la tension, du suspens.
S.J : Quel regard portez vous sur les hommes et les femmes ?
E.A : Je pense qu'ils sont fondamentalement différents et que c'est pour ça que ça marche rarement. Moi ça m'amuse. Les personnages que je peins je ne les juge pas. Et c'est difficile de vivre sur la durée. La passion c'est une chose, après y'a l'amour, la tendresse, la routine, les conflits et les tensions. C'est la marche inexorable.
S.J : Vous ètes aujourd'hui le principal fournisseur du théâtre privé ?
E.A : C'est peut être parce que j'écris beaucoup, j'écris tous les jours. J'écris 5 heures par jour minimum et souvent c'est plus que ça et je ne suis pas intimidé par la feuille blanche. Dès que j'ouvre mon ordinateur ça part tout de suite. Après c'est pas bon et souvent je jette, mais je ne suis pas complexé par l'écriture, j'y vais, je fonce tête baissée. Ca explique qu'il y ait par moment deux pièces à l'affiche en même temps.
S.J : Vos pièces sont le plus souvent mises en scène par Jean luc Moreau. Comment est née votre complicité ?
Ca c'est trouvé un peu par hasard. On a travaillé ensemble une fois et ça c'est bien passé. La force de l'habitude fait que maintenant quand j'apporte un texte à Jean Luc, il ne se pose jamais en juge, il me dit c'est intéressant, on en parle, souvent d'ailleurs on commence à travailler sur la mise en scène, et moi je travaille beaucoup pendant les répétitions. Il m'arrive d'y modifier encore le texte. En général le metteur en scène ne veut pas de l'auteur pendant les répétitions, alors qu'avec Jean Luc je me sens très à l'aise. Si j'écris une bêtise il me le dira poliment mais il me le dira. Il me téléphone beaucoup quand il décortique le texte. Il y a beaucoup d'échanges et en même temps beaucoup de simplicité. Ca aide.
S.J : La recette d'un succès ?
E.A : Les gens viennent voir d'abord des acteurs qu'ils aiment. Ce sont eux qui sont les vecteurs de la pièce. Moi je suis très attentif au choix des acteurs, à ce qu'ils amènent en plus dans mes textes. Un acteur complète le personnage. Tout n'est pas écrit, il amène beaucoup de sa chair, de sa nature. La réussite d'une pièce c'est surtout l'adéquation entre le personnage et l'acteur et évidemment une bonne histoire qui ne s'essouffle pas, qui ne tourne pas en rond, avec des rebondissements, des coups de théâtres si possible. Dans 200 ans on écrira toujours des pièces sur le couple, c'est inépuisable. Il y a autant de sujets que d'individus.
"Les Conjoints",Théâtre Tristan Bernard, 64 rue du Rocher. Paris 8e. Tél : 01 45 22 08 40
Avec Anne Loiret, José paul, Jean-Luc Moreau et Anne-Sophie Germanaz
"Mon Meilleur Copain", Théâtre des Nouveautés, 29 Bd Poissonnière, Paris 9e. Tél : 01 47 70 52 76
Avec Dany Brillant
Le problème avec les écrivains prolifiques c’est qu’ils peuvent parfois se laisser aller à la facilité. Dans la peau du mufle infidèle qui demande à son meilleur copain de le couvrir: Dany Brillant. Il parait qu'il rêvait d’être comédien, nous serons sobre, qu’il recommence à chanter !
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