"Chapitre XIII" : le retour du Grand-Guignol au théâtre pour Halloween
Inquisition
La dramaturgie grand-guignolesque n’a guère d’importance, elle peut s’appuyer sur un savant fou à la Frankenstein, sur un crime passionnel, sur des fantômes vengeurs… Ce qui compte, c’est une intrigue à suspense et surtout que ça saigne ! Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, à l’écriture et la mise en scène, respectent les arcanes du genre dans sa plus pure tradition.
Un écrivain venu trouver l’inspiration dans un monastère médiéval se trouve confronté à d’étranges réminiscences de l’Inquisition où un des moines fut accusé de pacte avec le Diable, torturé et exécuté. Le présent du romancier en herbe se mélange à ce passé lointain, quand il rencontre une jeune restauratrice de tableaux, dans laquelle va se révéler le secret d’un trésor caché, fruit de toutes les convoitises, source de crimes à répétition et de visions terribles…
Gothique
Si l’intrigue peut sembler bien mélodramatique et horrifique, la mise en scène tire la couverture vers les effets, dont les excès voulus virent au comique. De fait, le Grand-Guignol est là, c’est toute sa tradition. Les acteurs n’ont pas besoin d’en faire trop, même s’ils jouent dans le registre, mais ce n’est pas d’eux que le public en attend. A ce titre, les morceaux de bravoure sont au rendez-vous et rien ne nous est épargné des étripailles, empalements et autres décapitations, aux effets spéciaux soignés…
On appréciera particulièrement le très beau décor gothique de Juliette Azzopardi et les costumes de moines maudits de Pauline Yaqua Zurini qui nous replongent dans la tradition des romans terrifiants d’Anne Radcliffe du XVIIIe siècle. Le premier acte, où se confondent le présent contemporain du romancier avec le passé médiéval rappelle aussi le grand écrivain Lovecraft. Dommage que cette double veine inspiratrice succombe à des travers plus attendus et des rebondissements jusqu’à l’usure. Mais l’esprit du Grand-Guignol est là, avec l’assurance d’un rire horrifique libérateur de bon aloi.
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