Centenaire Jean Vilar, hommage au défenseur d'un théâtre populaire
Tapez Jean Vilar dans votre barre de recherche sur internet. Une liste incroyable d'établissements scolaires, de théâtre ou de lieux publics portant son nom défile alors sous vos yeux. A l'instar de Jacques Prévert ou de Georges Brassens (né comme lui à Sète), Jean Vilar a laissé une empreinte forte dans le patrimoine culturel français parce qu'il a su y apporter quelque chose de nouveau, parfois à ses dépends.
Le théâtre, sur et devant la scène
Né à Sète dans une famille de merciers, Jean Vilar a très tôt aimé les mots et la littérature. Zola, Shakespeare, Hugo, Stendhal furent ses compagnons de lecture durant sa jeunesse. En 1932, il monte à Paris pour suivre des études de lettres puis s'oriente vers le théâtre en prenant des cours auprès de Charles Dullin. Trois ans après son arrivée à Paris, il monte sur les planches au Théâtre de l'Atelier dans une pièce d'Honoré de Balzac, "Le Faiseur". Après avoir vécu l'expérience de la vie d'une troupe et les tournées, il met en scène en 1942 sa première pièce, "La danse de mort" d'August Strindberg. Un an plus tard, il crée sa propre troupe, La Compagnie des Sept. Le succès public et critique arrive en 1945 avec une pièce de T.S. Eliot, "Meurtre dans la cathédrale" qu'il monte au Théâtre du Vieux Colombier. Le tournant de sa carrière commence en 1947 lorsqu'il crée la Semaine d'Art Dramatique dans la Cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon. Laquelle deviendra un an après le célèbre Festival d'Avignon. Il le dirigera jusqu'à sa mort le 28 mai 1971, écrivant des pages légendaires de cet événement notamment en compagnie de Gérard Philippe.
L'épopée TNP
En 1951, jean Vilar est nommé directeur du Théâtre du Palais de Chaillot mais va lui rendre son nom d'origine, donné en 1920 par Firmin Gémier son créateur, à savoir le Théâtre National Populaire. Dans le même temps, il publie Le Manifeste de Suresnes, dans lequel il écrit notamment : "L'art du théâtre est né de cette passion calme, ou hantée suivant l'individu, de connaître. Il ne prend enfin toute sa signification que lorsqu'il parvient à rassembler et à unir. " Pour rassembler, il faut rendre accessible. Jean Vilar décide donc d'abaisser le prix des places. Il mit en place un système d'abonnements individuels et collectifs, proposa des rencontres, des débats, des week-end TNP, des bals... Son objectif considérer le spectateur non comme un simple usager mais comme un partenaire à part entière. Ce n'est qu'en 1963 qu'il quitta ses fonctions au TNP avec un bilan de 80 spectacles et plus de 5 millions de spectateurs.
Vilar contesté
Malgré les succès, malgré la reconnaissance de ses pairs et du public, il y avait aussi les "anti-Vilar". En 1953, c'est une véritable cabale qui se lève contre lui, menée par les critiques conservateurs et par certains hommes politiques. Jean Vilar est notamment accusé d'avoir détourné des fonds. Mais on lui reproche surtout de mettre en scène des oeuvres de Brecht, considéré comme communiste, et de Henri Pichette, trop avant-gardiste au goût de certains. La CGT et le Parti Communiste attaqueront "La Mort de Danton" de Büchner car ils estiment que l'auteur prend le parti de Danton contre Robespierre. La pièce faillit être interdite! Cela n'empêchera jamais Jean Vilar d'aller au bout de ses créations. Il voulait un théâtre engagé, contre le fascisme mais aussi contre la guerre d'Algérie. IL s'est aussi fait conspuer et agresser par les étudiants en Mai 68 qui le traitèrent de "Salazar" (en référence au chef du gouvernement portugais qui régna sur le pays durant 36 ans de façon autoritaire et très conservatrice). Jean Vilar leur répondit ainsi : "Vous n'êtes que des hurleurs, des tapageurs de la nuit, des fils de famille qui allez chercher le mandat paternel et hebdomadaire au bureau de poste". Mais le 30 mai 1968, il décida de ne plus accepter aucune fonction officielle, se consacrant dès lors au Festival d'Avignon.
L'héritage Jean Vilar
Malgré ce rejet temporaire d'une partie des jeunes, le nom de Jean Vilar a pourtant traversé les générations en gardant la même aura de respect et d'admiration. Pour les jeunes metteurs en scène, il reste une référence comme le montre ce reportage réalisé à Montpellier avec Julien Bouffier, le metteur en scène et directeur artistique du festival "Hybrides".
"Festival Hybrides" du 24 au 31 mars 2012 au Théâtre Jean Vilar à Montpellier 04 67 40 31 39
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.