"Cabaret New Burlesque", strip-tease et humour en pleines formes
Les spectateurs qui n'ont pas vu "Tournée" de Mathieu Amalric et qui découvrent "Cabaret New Burlesque" mettent un peu de temps à comprendre où ils sont. De prime abord, ils peuvent se dire que les effeuilleuses qui dévoilent leurs charmes sur la scène du théâtre des Célestins n'ont plus l'âge ni les mensurations pour émoustiller. Peu à peu, pourtant, l'assurance avec laquelle ces femmes exhibent leur rondeur, leur humour et le professionnalisme de leur prestation dissipent cette gêne qui n'était finalement que de la surprise.
Humour et exhibitionKitten on the Keys, Mimi Le Meaux, Julie Atlas Muz (en alternance dans la tournée avec Peekaboo Pointe), Catherine D'Lish et Dirty Martini, comme se nomment ces strip-teaseuses (plus un strip-teaser, l'incroyable Roky Roulette), sont des professionnelles du cabaret au mieux de leur technique. Elles assument avec délectation l'exhibition de leurs corps à la sensualité débordante mais bien réelle, et l'humour qu'elles y mettent écarte rapidement ce que certains gestes ou positions pourraient avoir de graveleux. La vulgarité est jouée, assumée et fait partie du geste artisitique. C'est même ce qui différencie ce spectacle de ceux dont il s'inspire, les numéros miteux répétés sur la scène délabrée d'un cabaret glauque dont l'enseigne imagée clignote dans la nuit alcoolisée des tristes rues chaudes d'une petite ville américaine. Bien au théâtre
Malgré le titre, on n'est pas ici au cabaret, mais bien au théâtre. Le second degré est complètement assumé, même si les transparences sont parfois trompeuses. La mise en scène joue d'une technique très élaborée et simple à la fois. Les effets video d'Eric Perroys, loin de simplement illustrer ou donner un décor aux numéros, participent en direct de la création en produisant une mise en abyme très spectaculaire et intrigante.
Fellini, mais pas seulement
Bien sûr on pense à Fellini et à son obsession des femmes plantureuses, mais "Cabaret New Burlesque" est riche aussi d'autres évocations. On n'est jamais loin par exemple de l'humour pastiche et dévastateur du "Rocky Horror Picture Show" (1975, de Richard O'Brien) ou des spectacles outranciers souvent interprétés par des travestis. Mais ici pas de faux semblants, les femmes sont bien des femmes et les hommes bien des hommes.
Excellent choix musical
Le spectacle est conçu par Kitty Hartl, l'artiste qui joue la maîtresse de cérémonie, aidée à la mise en scène par Pierrick Sorin. Elle interprète elle-même plusieurs chansons, notamment une magnifique version sexy et désespérée de "Satellite of love" de Lou Reed. La production devrait réfléchir à l'édition d'un CD de la bande sonore de "Cabaret New Burlesque", riche, variée et colorée.
Une tendance
Le New Burlesque est un genre à part entière aux Etats-Unis qui bénéficie du renouveau du spectacle de cabaret mâtiné des nouvelles technologies. Il a ses vedettes, ses grands messes et ses codes. C'est ainsi que, loin du silence généralement exigé dans les salles de théâtre, le public du "Cabaret New Burlesque" est appelé à manifester bruyamment son adhésion au spectacle en sifflant, criant, soutenant de la voix et du geste les prestations sexy des comédiennes.
Le cinéma
A Lyon, ville natale du cinéma, l'Institut Lumière accompagne le passage de la troupe du "Cabaret New Burlesque" au théâtre des Célestins. Il propose une série de projections en rapport avec le thème du spectacle. "Tournée" de Mathieu Amalric est bien sûr au programme. Y figurent également "French Cancan" (1954, de Jean Renoir), "Moulin Rouge" (1954, de John Huston), "Cabaret" (1972, de Bob Fosse), "New York, New York" (1977, de Martin Scorsese), "Moulin Rouge" (2001, de Baz Luhrmann) et "Chicago" (2002 de Rob Marshal.
"Cabaret New Burlesque"
Conception Kitty Hartl
Collaboration à la mise en scène Pierrick Sorin
avec Kitten on the Keys, Mimi Le Meaux, Julie Atlas Muz (en alternance dans la tournée avec Peekaboo Pointe), Catherine D'Lish, Dirty Martini, Roky Roulette et Ulysse Klotz.
Vidéo d'Eric Perroys.
Au théâtre des Célestins à Lyon du 3 au 13 juin 2014
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