"C'est un challenge" : Olivia Ruiz et cinq artistes français revisitent les Fables de La Fontaine en chansons
Six artistes français ont interprété des fables de La Fontaine dans le cadre de l’ouverture de la Philharmonie des enfants, le 29 septembre 2021. Olivia Ruiz, qui a participé à l'aventure, nous raconte le plaisir qu'elle a pris dans ce projet musical intitulé "La Fontaine Superstar" et diffusé sur Lumni.fr.
Jean de La Fontaine ne pouvait certes pas imaginer que ses fables seraient encore interprétées quatre siècles plus tard. Et en chanson, par de grandes voix de la scène française. Ses textes, pleins de longues phrases, de tournures complexes et riches d'un vocabulaire très varié, sont à l'opposé de ce qui se fait en termes de composition au 21e siècle. Et pourtant, le miracle opère quand des chanteurs contemporains s'emparent des fables les plus connues de la littérature française.
À l’occasion de l’ouverture de la Philharmonie des enfants, le 29 septembre 2021, six artistes (Catherine Ringer, Olivia Ruiz, Kery James, Jeanne Cherhal, Ibrahim Maalouf et Birds on a Wire) ont été invités à revisiter l'œuvre de La Fontaine. Les six clips qui mêlent chanson et dessin animé sont diffusés depuis le 16 septembre sur les sites de Lumni.fr (le site de France TV dédié au jeune public) et de la Philharmonie. Olivia Ruiz, qui a pris part au projet intitulé La Fontaine Superstar en interprétant la fable Le Lion et le moucheron, nous raconte ce défi musical et pédagogique.
Franceinfo : Pourquoi ce projet des fables de La Fontaine chantées vous a-t-il intéressée ?
Olivia Ruiz : J'ai été approchée par le producteur de la série. On était libres de choisir la fable que l'on désirait le plus. Cette possibilité m'a vraiment plu et c'est comme ça que je me suis lancée dans le projet.
Pourquoi avez-vous choisi d'interpréter la fable "Le Lion et le moucheron" ?
Je suis moi-même un moucheron (rires). Je fais partie de ces personnes mini-formats qui pourtant n'hésitent pas à en découdre pour régler des problèmes plus gros qu'elles. Et puis, c'est surtout le petit "switch" de la fin de la fable qui m'intéresse. On est tous familiers des Fables de La Fontaine où il y a une morale à la fin. Le Lion et le moucheron a ceci de particulier qu'il y a deux morales ("le plus fort n'est pas forcément celui qu'on croit" et "il ne faut pas se vanter d'une victoire au risque de subir rapidement une défaite", NDLR). C'est ce qui fait sa spécificité. Une petite leçon de vie est toujours bonne à prendre.
Que dit le moucheron de la fable de notre société actuelle ?
Je crois qu'aujourd'hui on arrête de penser qu'une femme doit être forcément belle, charmante et souriante pour dégager du charisme. C'est agréable de vivre cette époque où il y a un recul nouveau sur la figure de la femme.
Est-ce difficile de chanter une fable ?
C'est un petit challenge. Je suis parti dans un esprit comédie musicale qui m'a touché quand j'étais une enfant. Je me suis servi de cette partie de ma culture musicale au sens Broadway du terme. Je me suis dit que j'allais trouver la clé avec ce format.
Avez-vous eu besoin de vous replonger dans les Fables de La Fontaine ?
Avec un petit garçon de cinq ans à la maison, les fables ne sont jamais loin. J'ai tout de suite pensé à Le Lion et le moucheron. Après je pense que je suis comme tout le monde. Personne en France ne vit sans La Fontaine. Cela fait partie du patrimoine. On y a accès d'une façon ou d'une autre à l'école.
Votre actualité, c'est aussi la pièce de théâtre Bouches cousues qui sera visible aux Bouffes du Nord à Paris du 19 au 23 octobre. Vous êtes la créatrice de cette pièce qui raconte l'identité mouvante des exilés. Y a-t-il un peu de votre histoire dans cette pièce ?
C'est un très beau spectacle mis en scène par Jérémie Lippmann. C'est un spectacle sur les transitions identitaires. Cela interroge le problème des migrants. Ce qu'on en fait. Tout cela est mis en poésie. Malheureusement, c'est très dans notre époque. Il y a aussi de mon histoire à moi, mes racines espagnoles avec ma grand-mère qui a fui le franquisme avec sa famille. Il y a un jeu de miroir entre mon histoire et les problématiques d'aujourd'hui. Chacun peut l'interpréter comme il veut.
Vous passez des Fables de La Fontaine au théâtre. Y a-t-il quelque chose de semblable entre ces deux performances dans le maniement de la langue française ?
Non. Bouches Cousues, c'est un spectacle moderne. Ce sont les mêmes mots que ceux que nous employons en ce moment dans notre discussion. Les citations que je développe dans mon spectacle sont par exemple empruntées à un penseur d'aujourd'hui, Boris Cyrulnik (célèbre neuropsychiatre français, NDLR).
Pourquoi aimez-vous tant jongler entre les formats artistiques, passer ainsi des fables au théâtre ?
J'aime m'amuser. Je n'ai pas oublié que le premier sens de notre métier est de jouer. Je peux me permettre de faire des choses qui me permettent toujours d'apprendre. J'ai la chance de pouvoir choisir ce que je veux faire et ne pas faire. Pour moi, c'est très important d'apprendre sans cesse. C'est l'essence de mon métier.
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