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"Berlin Berlin" au Théâtre Fontaine : un sauve-qui-peut rocambolesque vers l'Ouest, par Haudecoeur et Sibleyras

Après un spectacle hilarant, "Silence ça tourne", Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras s’associent à nouveau pour une pièce plus loufoque encore, "Berlin Berlin" au Théâtre Fontaine.

Article rédigé par franceinfo Culture - Camille Bigot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Gino Lazzerini, Anne Charrier, Patrick Haudecoeur, et Maxime d'Aboville, dans la pièce "Berlin Berlin" de Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras au Théâtre Fontaine. (Bernard Richebé)

Berlin Berlin, le nom de l'historique capitale allemande répété. Berlin Est et Berlin Ouest. Les deux lieux comme une étape de départ et d'arrivée, en pleine Guerre Froide. Berlin, cadre et coeur de la nouvelle pièce de Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras, complices déjà dans Silence ça tourne (grand succès de théâtre en 2016), mise en scène par José Paul au Théâtre Fontaine, à Paris. 

Un nid d’espions chez un agent de la Stasi

Berlin, donc, années 80. Un couple – Ludwig (Patrick Haudecoeur) et Emma (Anne Charrier) – veut fuir vers l’Ouest. Il repère un appartement disposant d’un passage secret qui mène de l’autre côté du Mur. Emma s’y fait engager comme aide-soignante pour s’occuper de la propriétaire sénile. Mais dès son arrivée, rien ne se passe comme prévu : le fils, Werner (Maxime d’Aboville) – tombé instantanément amoureux d’elle - se révèle être agent de la Stasi, la police secrète est-allemande, et l’appartement se transforme peu à peu en un nid d’espions.

Anne Charrier et Patrick Haudecoeur dans la pièce "Berlin Berlin" de Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras au Théâtre Fontaine. (Bernard Richebé)

La pièce s’ouvre sur une vidéo aux effets 3D esquissant les abords du Mur de Berlin. Le spectateur y est presque : il longe la façade du mur et entre dans un appartement. L’écran disparaît. Les lumières s’allument sur un intérieur coquet pensé par Edouard Laug, et digne du siècle dernier : canapé en velours marronnasse, buffet, papier peint kitch sur lequel se dessinent distinctement une faucille et un marteau. Une affiche de propagande de la Stasi est clouée au mur. Sans trop de subtilité, le ton est donné.

Urgence absolue

Les personnages sont en danger absolu et l’urgence rythme la pièce. Des éclats de voix révèlent leur anxiété, tout comme leurs déplacements : ils courent, piétinent, traversent la scène de long en large, donnant au spectacle un vrai dynamisme. À chaque fois qu’ils sont sur le point de s’en sortir, un quiproquo, un malentendu ou un imprévu les éloignent de leur but. Le spectacle passe de surprise en surprise, provoquant des conséquences différentes sur chacun des personnages.

Anne Charrier - pétulante - joue la dure-à-cuire, pleine de ressources : elle passe sans mal de la fugitive à la femme fatale usant de ses charmes pour sauver sa peau. À l’opposé, son compagnon de scène, Patrick Haudecoeur est un trouillard à l’air penaud. Mollesse, tremblements, le comédien utilise tout son corps pour décrocher les sourires des spectateurs, attirant sur son personnage une certaine sympathie.

Maxime d'Aboville, Patrick Haudecoeur, Marie Lanchas, et Guilhem Pellegrin, dans la pièce "Berlin Berlin" de Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras au Théâtre Fontaine. (Bernard Richebé)

Mielleux, tant par le ton que par les cheveux, Maxime d’Aboville caricature à souhait son personnage, gaga des grands chefs de l’URSS. Au moindre pépin, il se saisit de son téléphone et déporte sans scrupule vers la Sibérie, sous les rires répétés du public. Remarquable, lorsque l’on découvre que quelques heures auparavant, le même comédien était à l’affiche de la pièce bien plus sombre de Jean-Paul Sartre, Huis Clos, au Théâtre de l’Atelier. Un marathon qui l'oblige à se glisser en un rien de temps dans deux rôles si différents.

Comique de répétition

À l’instar d’un vaudeville, la comédie utilise sans cesse le comique de répétition, peut-être trop ? Comptez sur la troupe pour vous mettre en tête la fameuse chanson russe Kalinka entonnée un nombre de fois incalculable. Il s’agit là de la "berceuse" de la propriétaire, une raillerie qui s'ajoute aux nombreux clichés sur lesquels jouent Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras. Si le sujet d’origine est particulièrement sombre - la situation de Berlin dans les années 80 - l’humour des deux compères l'adoucit. "Qu’est que ça fait du bien de rire comme ça !", souffle une spectatrice à la fin de la représentation. Une pièce délirante et résolument joyeuse, à voir au Théâtre Fontaine. 

"Berlin Berlin" de Patrick Haudecoeur et Gérald Sibleyras
Théâtre Fontaine 
10 Rue Pierre Fontaine, 75009 Paris
01 48 74 74 40
Du mardi au vendredi à 21h 
Le samedi à 16h30 et 21h
Le dimanche à 16h

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