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Avignon Off : "Le Cirque des Mirages" émerveille avec son récital fantastique

Neuvième création du Cirque des Mirages depuis 2000, "Delusion Club", récital de chansons originales du duo Parker et Yanowski, passe en revue un cortège de décalés de la vie, pris dans la tourmente. Une ambiance de cabinet noir, d’histoires sombres que l’on croirait sorties des romans terrifiants du tournant des XVIIIe et XIXe siècle, à l’origine du fantastique : envoûtant.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
 Le Cirque des Mirages : Parker et Yanovski dans "Delusion Club"
 (Philippe Hanula 2018)

Jacques Brel gothique

Entrez, entrez dans le "Delusion Club" ! Un lieu très réservé aux figures les plus improbables : voyageurs sans bagages, doubles personnalités, écrivains fous, ventriloques… s’y croisent. Et si vous êtes dans la salle, c’est que vous n’êtes pas très éloignés d’eux. Le "Delusion Club" est l’endroit où la réalité revêt l’étoffe des rêves, ou des cauchemars.

Bienvenue donc dans ce tour de chant mené par Yanowski, un Jacques Brel gothique, dans son interprétation et son jeu de scène. Géant aux bras démesurés, sa stature, sa figure aux yeux charbonneux, soulignée d’une fine moustache, évoquent l’acteur spécialiste de l’horreur Vincent Price (inspirateur de Tim Burton et qui prêta sa voix ténébreuse au tube "Thriller" de Michael Jackson). Une expressivité doublée d’un talent exceptionnel, mis en musique au piano par son complice Parker, au croisement d’un Requiem et de la musique de cabaret.

Le Cirque des Mirages :  Parker et Yanovski dans "Delusion Club" 
 (Philippe Hanula)

Carnaval des horreurs

Les textes flamboyants racontent des personnages embarqués dans la dépravation et le crime du Londres victorien de Jack l’Eventreur, ou d’un Robert-Louis Stevenson ("Dr. Jekyll et Mr. Hyde"), d’Oscar Wilde ("Le Portrait de Dorian Gray"), ou de Bram Stoker ("Dracula"). Mais c’est à l’Américain Edgar Poe (qui vécut à Londres) que l’on pense spontanément. Et notamment à sa célèbre nouvelle "Le Cœur révélateur", avec son locataire meurtrier halluciné, dont chacun des protagonistes du spectacle serait une déclinaison. On pense aussi à Lovecraft et ses personnages déracinés dans des villages inquiétants de la Nouvelle-Angleterre, au contact de populations pratiquant des rites abjects.

Merveilleux conteurs, Parker et Yanowski nous embarquent dans un carnaval des horreurs, avec des textes issus de la poésie la plus noire. Elle est pimentée d’un humour du même tonneau (d’"Amontillado", pour reprendre le titre d’une nouvelle de Poe), pleine d’ivresse, où transpire la passion communicative pour un genre envers lequel Yanowski nous a confié avoir une passion sans limite. Cela se sent.

Le Cirque des Mirages : Parker et Yanowski dans 'Dilusion Club" 
 (Philippe Hanula)
La mise en scène aux éclairage expressionnistes et parsemées de quelques projections plus abstraites qu’illustratives, colle au sujet et à l’ambiance évocatrice du fantastique des origines. Une représentation saluée spontanément par trois standing ovations, au rythme de trois rappels. Hallucinant ! 
Théâtre des Mirages : Désilusion Club- l'affiche
 (DR)

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