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Avec Courteline, l'enfer c'est le couple au Théâtre des Célestins

"Courteline, Amour noir", c'est le titre d'une mise en scène signée Jean-Louis Benoît dans laquelle le public redécouvre grâce à trois courtes pièces, l'humour grinçant et sans concession de Georges Courteline. Auteur un peu oublié de la fin du XIXéme siècle, il signe à travers "La peur des coups", "La paix chez soi" et "Les Boulingrin", une peinture à la fois drôle et pessimiste des rapports au sein du couple. A découvrir jusqu'au 5 mai aux Théâtre des Célestins à Lyon.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Ninon Brétécher et Thomas Blanchard dans "La peur des coups"
 (Antoine Benoît)

Contemporain de Feydeau et de Labiche, Georges Courteline (1858-1929) fut un romancier et dramaturge à succès. Pourtant, son oeuvre est nettement moins jouée que celles de ses deux collègues. C'est pour cela que Jean-Louis Benoît a décidé de créer ce spectacle, pour dit-il, "rendre justice à un écrivain oublié, à son théâtre qui est à l'opposé du vaudeville et dont la beauté se situe peut-être justement dans son absence de profondeur". Ici en effet, pas de quiproquo, pas de situation alambiquée ni de drame psychologique. Les trois saynètes d'environ 20 minutes chacune nous placent face à des couples qui se font ouvertement la guerre et dans lesquels, comme l'explique Ninon Brétecher, l'une des comédiennes, "chaque parole est un scud". Ca s'insulte, ça ironise, ça provoque, ça crie, ça frappe, le tout selon un rythme et une puissance qui va crescendo. Les rires du public sont eux aussi de plus en plus présent au fil des scènes. A saluer, la performance des quatre comédiens qui se relaient au fil de saynètes : Valérie Keruzoré, Thomas Blanchard, Sébastien Thiéry et Ninon Brétécher. A l'issue de la première aux Célestins, ces deux derniers nous ont parlé de la pièce, de ces personnages méprisants et méprisables qu'ils se sont régalés à interpréter.

Dans "La peur des coups", un mari jaloux (Thomas Blanchard) mais couard harcèle sa femme (Ninon Brétecher). Il lui reproche d'attirer le regard et les avances d'autres hommes tout en n'ayant pas le courage de remettre franchement ceux-ci à leur place.

Puis vient "La paix chez soi", qui met en scène Trielle (Sébastien Thiéry), un écrivain raté. Pour se faire respecter et obtenir l'obéissance de Valentine, sa femme (Valérie Keruzoré), il décide de lui mettre une amende dès que celle-ci ose une remarque ou une remontrance.

Enfin, "Les Boulingrins" signe l'apothéose de la soirée en terme de folie conjugale et réunit les quatre comédiens. Un profiteur nommé Des Rillettes pense pouvoir s'incruster au sein d'un foyer paisible composé d'un couple, Les Boulingrin, et de leur servante lunaire, Félicie. Mais les époux se déchirent sans relâche et le prenne finalement comme bouc-émissaire de leur violence.


La pièce dans son ensemble dure 1h35 et on rit de bon coeur face à ces personnages qui semblent à la fois désuets et modernes. Ecrits à la fin du XIXème siècle, les textes de Courteline évoquent directement la dépendance financière et morale des femmes envers leurs époux. C'est le seul détail qui nous éloigne des situations. Car pour ce qui est  des rapports de force qui sévissent dans le couple, ils sont eux, toujours d'actualité. Hélas...

"Courteline, Amour noir", d'après Georges Courteline, mise en scène Jean-Louis Benoît, jusqu'au 5 mai 2012 au Théâtre des Célestins à Lyon. Relâches : lundi et 1er mai - Horaires : 20h / Dim 16h - 04 72 77 40 00

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