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400e anniversaire de Molière : "Tous les jours on découvre une nouvelle résonance contemporaine de ses œuvres", explique Laurent Lafitte

"On est tous, à un moment donné, un Tartuffe, un Dom Juan, un malade imaginaire, un avare ou un misanthrope".

Article rédigé par franceinfo
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Le comédien Laurent Lafitte, le 11 septembre 2021. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"Tous les jours on découvre une nouvelle résonance contemporaine de ses œuvres", constate Laurent Lafitte vendredi 14 janvier sur franceinfo, alors qu'on célèbre le 400e anniversaire de la naissance de Molière samedi. "Les problématiques de son époque ne sont pas forcément les mêmes qu'aujourd'hui, mais les travers humains qu'il dépeint sont les mêmes", explique le pensionnaire de la Comédie-Française, qui sera sur la scène du théâtre du Vieux-Colombier à partir du 29 janvier pour interpréter Dom Juan.

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franceinfo : À ceux qui pensent que Molière est un peu poussiéreux ou classique, qu'est-ce que vous leur dites ?

Laurent Lafitte : Ça dépend vraiment de la mise en scène. Ce qui est important, c'est la résonance contemporaine de ses œuvres. Si on continue à le jouer, c'est qu'il y a une raison. C'est un regard, une impertinence, une liberté de ton. Les problématiques de son époque ne sont pas forcément les mêmes qu'aujourd'hui, mais les travers humains qu'il dépeint sont les mêmes. C'est dans l'humanité qu'il est pertinent. On est tous, à un moment donné, un Tartuffe, un Dom Juan, un malade imaginaire, un avare ou un misanthrope. Il parle de nous. Ce qui est fou, alors qu'on connaît la pièce, c'est que tous les jours, on découvre un nouveau sens, on découvre une nouvelle résonance contemporaine. Et ça, c'est passionnant. Je suis sûr que tous les soirs, je découvrirai quelque chose de nouveau en le jouant.

Dom Juan, c'est un rôle difficile à jouer pour vous ? C'est difficile d'entrer dans le costume de ce séducteur compulsif obsédé par les femmes qui ne sait pas s'arrêter ?

Ce qui est difficile, c'est de ne pas tomber dans les clichés, ne pas en faire une caricature. C'est ça qui est compliqué, avec des personnages qui sont interprétés dans différentes productions depuis des siècles maintenant.

"On a tous une image de Dom Juan. Avec Emmanuel Daumas, le metteur en scène du spectacle, on essaye d'en faire un personnage assez autodestructeur. Et c'est dans cette perdition qu'il est malgré tout séduisant."

Laurent Lafitte, comédien

à franceinfo

C'est ça le problème. C'est pour ça qu'il entraîne les gens dans des choses assez sombres.

Vous êtes en pleine répétition. Quelle est votre tirade préférée de Dom Juan ?

Il y a des choses qui font beaucoup écho en ce moment. Quand il dit que l'hypocrisie est un vice à la mode et que tous les vices à la mode passent pour vertu, on peut penser à plein de monde. C'est pour ça qu'il est cohérent. Ou quand il dit à Sganarelle, qui est effaré du fait que Dom Juan ne croit pas en Dieu : "Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit". Se raccrocher à la science et faire confiance à la science en ce moment, c'est pas mal, non ?

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