Théâtre. Un "Jeu de l'amour et du hasard" classique et divertissant
La pièce la plus célèbre de Marivaux est à l’affiche jusqu'au 29 avril au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Catherine Hiegel, sociétaire honoraire de la Comédie française, signe ici une mise en scène énergique.
La pièce la plus célèbre de Marivaux, Le Jeu de l’amour et du hasard, est à l’affiche du 16 janvier au 29 avril 2018, à Paris, au Théâtre de la Porte Saint-Martin. Catherine Hiegel, sociétaire honoraire de la Comédie française, signe la mise en scène de ce classique, joué notamment par Vincent Dedienne et Clotilde Hesme.
La comédie privilégiée et la modernité soulignée
Un hôtel particulier XVIIIe et son jardin occupent tout le plateau du théâtre. C'est dans ce beau et classique décor que Catherine Hiegel fait évoluer ses comédiens. Dans Le Jeu de l’amour et du hasard, Sylvia et Dorante, deux jeunes gens promis au mariage, prennent, à l’insu l’un de l’autre, la place de leurs serviteurs afin de mieux, croient-ils, s’observer et scruter leurs cœurs. Lisette et Arlequin, les deux valets, joués par Laure Calamy et Vincent Dedienne, endossent les habits de leur maîtres respectifs et l’amour ne tarde pas à faire son apparition.
Vincent Dedienne, qui s’amuse beaucoup dans la peau d’Arlequin, renoue ici avec le théâtre classique, mais Marivaux est pour lui une première. Il ne l'avait jamais joué, ni à l'école d'art dramatique, ni dans son parcours professionnel. "J'ai fait Molière, Hugo, Shakespeare, tout le monde, sauf Marivaux. Je n'avais jamais abordé cette écriture", explique le comédien.
J'étais excité à l'idée de découvrir cette langue, dont on me disait beaucoup qu'elle était difficile.
Vincent Dedienne, comédienà franceinfo
Une langue du XVIIIe siècle que les comédiens, à une exception près, Nicolas Maury très décevant dans le rôle de Dorante, font parfaitement entendre et comprendre au public d’aujourd’hui.
Dans cette distribution presque sans faute, Clotilde Hesme est éblouissante dans le rôle de Sylvia, jeune femme à la fois très libre pour l’époque, revendiquant de pouvoir choisir son mari, et très conservatrice en ce qui concerne l’ordre social. "Il y a vraiment une cruauté sociale que l'on voit dans la pièce, c'est que les valets reviennent avec les valets et les maîtres avec les maîtres", souligne la comédienne.
C'est aussi, et de manière assez terrifiante, très moderne. C'est que l'ordre social ne change pas. Les privilèges restent aux privilégiés... et les autres, ils se démerdent.
Clotilde Hesme, Sylvia dans "Le Jeu de l'amour et du hasard"à franceinfo
Sans gommer cet aspect de la pièce de Marivaux, Catherine Hiegel a privilégié la comédie pour rendre ce Jeu de l’amour et du hasard accessible au plus grand nombre.
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