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Philippe Torreton, ce dingue de Cyrano au théâtre de l'Odéon !
Le "Cyrano de Bergerac" mis en scène par Dominique Pitoiset et incarné par Philippe Torreton s'installe pour deux mois au Théâtre de l'Odéon à Paris, après plus de 100
représentations triomphales en régions.
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Temps de lecture : 3min
Hôpital psychiatrique
Situer Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand chez les fous, il fallait oser. Evacué le contexte historique, le décorum et les plumes, nous voici dans le réfectoire d'un hôpital psychiatrique avec néons, fauteuils en skaï et appareils médicaux.
Là, errent des personnages hébétés, affublés de tee-shirts trop larges et de jogging informes. Dans un coin un jukebox d'où s'échapperont Queen, Pink Floyd, Elton John, The Pogues ou encore Edith Piaf avec les Compagnons. On redoute un instant une vision trop radicale. Laid sans rémission mais "aimable"
Mais apparait Cyrano, cabossé par la vie il ne dépareille pas au milieu de cette faune. Il a un bonnet vissé sur son crane chauve, une épaisse moustache sous un appendice immense et une bedaine qui dépasse de son marcel blanc. Torreton s'est rendu méconnaissable pour incarner le héros d'Edmond Rostang. Il est laid sans rémission, mais "aimable". Et l'on se demande si c'est un fou qui joue à Cyrano ou un Cyrano d'aujourd'hui, certes plus pitoyable mais qui prône les mêmes valeurs de désintéressement, de vérité et de panache, un panache qui ressemble à la dignité des exclus.
La pari alors semble gagné, on s'attache à tous ces personnages décalés et attendrissants : Jean-Michel Balthazar (Ragueneau déjanté), Maud Wyler (émouvante Roxanne), Patrice Costa (Christian vulnérable et sincère). Mais c'est évidemment Cyrano qui comme dans la pièce est le point central du spectacle. Torreton est impressionnant dans l'énergie, la mélancolie et la douleur. Il n'apparaitra en costume d'époque qu'à la fin de la pièce, lorsque Roxane le reconnait, comme si le rêve rejoignait la réalité. Un autre personnage endossera le costume. Le Duc de Guiche, impayable Daniel Martin qui propose une caricature vraiment très drôle de militaire. Et c'est peut être le seul bémol de cette vision : de s'adresser peut être d'abord à ceux qui connaissent leur Cyrano et les personnages qui l'entourent.
Des moments inoubliables
Pourtant Dominique Pitoiset multiplie les moments qu'on n'est pas prêt d'oublier : ces lettres écrites par Cyrano qui flottent au vent sur des fils à linges. La scène du balcon où Cyrano souffle les mots à Christian est remplacée par une communication par skype à partir d'un mac portable et d'un écran géant descendu sous les cintres. Anachronisme plein de poésie qui fait sourire certes, mais parfaitement fidèle à l'esprit de la pièce et qui peut la rendre sensible aux plus jeunes.
La modernité de la pièce "a souvent été étouffée par le décorum, le panache, la moustache, le chapeau avec des plumes", souligne Philippe Torreton. Sous ses faux airs de "Vol au-dessus d'un nid de coucou", l'oeuvre met en exergue la nature excessive, presque "borderline" de Cyrano : "aujourd'hui, il serait considéré comme fou" et "enfermé", analyse le comédien.
Le panache de Cyrano-Torreton
A la Première parisienne mercredi soir, ce Cyrano chez les a été copieusement applaudi. Torreton, grand Cyrano et citoyen fort en gueule a pris la parole pour défendre avec panache le statut des intermittents, "qui permet la création de spectacles comme celui-ci". "Cyrano de Bergeraéc" d'Edmond Rostand au théâtre de l'Odéon
Mise en scène de Dominique Pitoiset
Du 7 mai au 28 juin 2014
Réservation : 01 44 85 40 40
Situer Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand chez les fous, il fallait oser. Evacué le contexte historique, le décorum et les plumes, nous voici dans le réfectoire d'un hôpital psychiatrique avec néons, fauteuils en skaï et appareils médicaux.
Là, errent des personnages hébétés, affublés de tee-shirts trop larges et de jogging informes. Dans un coin un jukebox d'où s'échapperont Queen, Pink Floyd, Elton John, The Pogues ou encore Edith Piaf avec les Compagnons. On redoute un instant une vision trop radicale. Laid sans rémission mais "aimable"
Mais apparait Cyrano, cabossé par la vie il ne dépareille pas au milieu de cette faune. Il a un bonnet vissé sur son crane chauve, une épaisse moustache sous un appendice immense et une bedaine qui dépasse de son marcel blanc. Torreton s'est rendu méconnaissable pour incarner le héros d'Edmond Rostang. Il est laid sans rémission, mais "aimable". Et l'on se demande si c'est un fou qui joue à Cyrano ou un Cyrano d'aujourd'hui, certes plus pitoyable mais qui prône les mêmes valeurs de désintéressement, de vérité et de panache, un panache qui ressemble à la dignité des exclus.
La pari alors semble gagné, on s'attache à tous ces personnages décalés et attendrissants : Jean-Michel Balthazar (Ragueneau déjanté), Maud Wyler (émouvante Roxanne), Patrice Costa (Christian vulnérable et sincère). Mais c'est évidemment Cyrano qui comme dans la pièce est le point central du spectacle. Torreton est impressionnant dans l'énergie, la mélancolie et la douleur. Il n'apparaitra en costume d'époque qu'à la fin de la pièce, lorsque Roxane le reconnait, comme si le rêve rejoignait la réalité. Un autre personnage endossera le costume. Le Duc de Guiche, impayable Daniel Martin qui propose une caricature vraiment très drôle de militaire. Et c'est peut être le seul bémol de cette vision : de s'adresser peut être d'abord à ceux qui connaissent leur Cyrano et les personnages qui l'entourent.
Des moments inoubliables
Pourtant Dominique Pitoiset multiplie les moments qu'on n'est pas prêt d'oublier : ces lettres écrites par Cyrano qui flottent au vent sur des fils à linges. La scène du balcon où Cyrano souffle les mots à Christian est remplacée par une communication par skype à partir d'un mac portable et d'un écran géant descendu sous les cintres. Anachronisme plein de poésie qui fait sourire certes, mais parfaitement fidèle à l'esprit de la pièce et qui peut la rendre sensible aux plus jeunes.
La modernité de la pièce "a souvent été étouffée par le décorum, le panache, la moustache, le chapeau avec des plumes", souligne Philippe Torreton. Sous ses faux airs de "Vol au-dessus d'un nid de coucou", l'oeuvre met en exergue la nature excessive, presque "borderline" de Cyrano : "aujourd'hui, il serait considéré comme fou" et "enfermé", analyse le comédien.
Le panache de Cyrano-Torreton
A la Première parisienne mercredi soir, ce Cyrano chez les a été copieusement applaudi. Torreton, grand Cyrano et citoyen fort en gueule a pris la parole pour défendre avec panache le statut des intermittents, "qui permet la création de spectacles comme celui-ci". "Cyrano de Bergeraéc" d'Edmond Rostand au théâtre de l'Odéon
Mise en scène de Dominique Pitoiset
Du 7 mai au 28 juin 2014
Réservation : 01 44 85 40 40
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