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A l'Opéra Garnier la chorégraphe canadienne Crystal Pite déploie sa danse organique et spectaculaire

L’Opéra de Paris déroule le tapis rouge à la chorégraphe canadienne Crystal Pite : une soirée entière consacrée à sa  nouvelle création "Body and Soul" (Corps et Ame), trois ans après son exaltant "The Seasons Canon".

Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Boddy and Soul" de Crystal Pite en création mondiale à l'Opéra Garnier (JULIEN BENHAMOU)

Ne vous fiez pas à sa blondeur et sa silhouette gracile de danseuse, Crystal Pite crée sans cesse, des chorégraphies ancrées dans le monde d’aujourd’hui, interprétées par des groupes importants qu’elle dirige avec une poésie et une précision d’orfèvre.

Dans Body and Soul on retrouve sa signature, une danse organique, ce talent à mettre en scène la foule, à propager le mouvement d’un corps à l’autre dans un va-et-vient de vagues, dirigeant ici une quarantaine de danseurs de l’Opéra comme s’il s’agissait d’un seul et même corps.

Une communauté tour à tour en harmonie ou adversaire

De ce ballet en trois parties, on a été particulièrement saisi par le premier acte qui joue sur la confrontation de figures humaines : aussi bien deux danseurs (Marion Barbeau et Simon Le Borgne, ou François Alu et Aurélien Houette, beaux premiers danseurs) que le groupe entier. Une construction mouvante dont rien ne peut freiner l’élan vital, se répandant sur la scène comme des ricochets sur l’eau, et dont les gestes sont dictés par la voix de Marina Hands et soutenus par la musique d’Owen Belton évoquant tantôt l’orage, la foule ou un champ de bataille. Une communauté tour à tour en harmonie ou adversaire. Vingt minutes absolument hypnotiques.

"Body and Soul" de Crystal Pite (JULIEN BENHAMOU)

Les duos se font duels

La deuxième partie qui s’ouvre sur les préludes de Chopin dans la version de Martha Argerich, voit se succéder des pas de deux nerveux et brillants où les duos se font duels. Là encore la voix off de Marina Hands accompagne des variations les plus contrastées, avec de brusques renversements de rapport de force. Ils sont interprétés pour certains d’entre eux par étoiles et premiers danseurs. On a particulièrement aimé Hugo Marchand et Léonore Baulac, ou François Alu et Ludmila Pagliero.

Pite utilise la musique de Chopin, ses contrastes entre poésie et envolées, les préludes les plus lents réservés aux pas de deux, les plus fougueux à de brillants tableaux où les groupes de danseurs se déploient. 

"Body and Soul" de Crystal Pite (JULIEN BENHAMOU)

Invasion d'insectes

La rupture est encore plus marquée avec le troisième acte, au point de désarçonner lorsque surgit dans un décor rutilant et spectaculaire une invasion d’insectes, très univers Marvel. L’apparition d’une créature mi-homme mi-bête (Takeru Coste) gesticulant sur le rock de Teddy Geiger tourne carrément au show télévisé.

"Body and Soul" de Crystal Pite (JULIEN BENHAMOU)

Cette fresque pleine de contrastes mais un peu inégale, car elle accentue l’impression de puzzle de la soirée, réussit cependant à nous toucher car elle retrouve l’esprit à la fois viscéral et onirique de The Seasons Canon. Au tomber du rideau, le public n’a pas boudé ses applaudissements.  

"Body and Soul" de Crystal Pite
Création mondiale
Opéra Garnier 
Place de l'Opéra, 75009 Paris
01 86 52 42 00
Jusqu'au 23 novembre 2019

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