"Moi, moi et François B" : la pièce ovni de Clément Gayet
"Moi, moi et François B", c'est l'histoire délicieusement délirante d'un jeune auteur prêt à tout pour attirer l'attention d'un grand comédien.
Soit François Berléand, en retard, qui hèle un taxi pour aller jouer le Don Juan de Molière au théâtre. Mais voilà, ce jour là rien ne se passe comme prévu. Au lieu d’atterrir au théâtre il se retrouve dans une agence de voyage très bizarre, sans porte ni fenêtre et celui qui le reçoit va se révéler être un auteur… de théâtre. Berléand, éberlué autant que terrorisé, apprend qu'il est victime d'un kidnapping, il a été aspiré dans l'univers mental du dramaturge !
Une lettre un peu délirante qui devient une pièce
"Un auteur qui rêve qu'on le lise et qui rêve de faire jouer François Bérléand, c'est moi et pas du tout moi", plaisante Clément Gayet qui après l'Essec et un passage dans la communication a tout envoyé ballader pour se former, seul, à devenir dramaturge en se plongeant dans les livres sur le théâtre et la lecture de scénarios."A l'origine j'avais écrit une autre pièce qui s'appelait La cave à vin, et j'avais pensé à plusieurs comédiens dont Arditi et Berléand. Je me suis dit que si je leur envoyais ce texte, je devais joindre une lettre d'accompagnement pour leur donner envie de le lire car je suis complètement inconnu", se souvient le jeune auteur que nous retrouvons dans un café parisien.
"Et donc sur un coup de tête j'ai écrit une lettre en forme de dialogue, huit pages dans lesquelles notamment j'enfermais le comédien pour qu'il ne puisse pas m'échapper ! En relisant la lettre je l'ai trouvée de meilleure qualité que la pièce que j'avais passé 6 mois à écrire. Elle était beaucoup plus spontanée. J'ai transformé cette lettre en pièce de théâtre : "Moi, moi et François B".
Arditi tardant à répondre, notre auteur en herbe dépose le script, une lettre d'accompagnement et une énorme boite de chocolats au théâtre Edouard VII où joue Bérléand. "Il m'a rappelé en me disant : Je veux bien vous dire ce que je pense de la pièce si vous m'offrez une 2e boite de chocolats !"
Le conte de fée de Clément Gayet
Un conte de fée, que Clément Gayet doit à son talent et à sa détermination. Sa cousine éloignée, Julie (Gayet), n'a en rien favorisé le projet, elle n'a pas vu (encore ?) la pièce.
Dans le 3e acte, on a la surprise de voir l'auteur devenir acteur. "Ça m'a pas mal angoissé car je n'ai fait que du théâtre amateur et je me suis retrouvé à jouer avec des comédiens qui ont beaucoup de métier. Mais ils m'ont tous accueillis avec beaucoup de bienveillance, ça se passe très bien."
Bouffées de poésie, scènes ébouriffantes
On ne vous racontera pas la succession de retournements qui nous plongent entre illusion et réalité, dans la veine d'un Sébastien Thiéry mais en moins huilé. Car c'est une première pièce ; mais qui a ses bouffées de poésie qui tirent même parfois vers le surréalisme, avec aussi quelques scène ébouriffantes.La mise en scène de Stéphane Hillel est malicieuse, Sébasien Castro, Constance Dollé et Inès Valarcher (accrobate) mettent tout ce qu'il faut d'autodérision en entourant un François Berléand déchaîné.
On ira donc avec plaisir découvrir ce Clément Gayet venu de nulle part et qui a déjà tout compris du petit monde du théâtre avec ses fantasmes, ses illusions et ses petits travers. Tout en l'aimant suffisamment pour… en jouer tous les rôles !
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