"C'est un métier d'humilité" où "l'oubli de soi est le plus important" : Michel Bouquet en quelques leçons de théâtre
Disparu à 96 ans, Michel Bouquet, l'un des plus grands comédiens français, expliquait avec beaucoup de simplicité la complexité du métier d'acteur. Voici quelques extraits d'un entretien qu'il avait accordé à l'AFP en 2019.
Michel Bouquet s'est éteint mercredi 13 avril à Paris à l'âge de 96 ans. En 2019, au moment de mettre un terme à sa carrière, l'artiste qui fut l'un des plus grands comédiens français expliquait les raisons de son choix, et confiait également, avec une grande simplicité, la complexité du métier d'acteur. Voici quelques extraits d'un entretien avec l'AFP en 2019.
Un métier d'humilité
"C'est un service. L'acteur n'est pas si important à ses propres yeux que le public ne le croit. C'est un métier d'humilité. L'humilité est sacrée pour l'acteur. Je prépare un rôle pendant six mois et quand le moment de le jouer arrive, je me fais tout petit et je me dis 'j'ai fait ce que j'ai pu.'"
Ne rien connaître
"Le savoir d'un acteur, c'est de ne connaître rien et d'espérer être accompagné d'une vérité qui est dans le texte, mais ne pas savoir si on y parvient. Être acteur, c'est endosser quelque chose qu'on n'est pas digne de recevoir et puis essayer de compenser. L'acteur, c'est un objet comme un autre, c'est une outrecuidance."
Monter sur scène, un héroïsme
"Il faut beaucoup de forces. Même je dirais, c'est une sorte d'héroïsme pour aller en scène, montrer à quel point on n'a pas de raison d'y être. Le comédien est pris en obligation d'y rester, avec des mots qui ne sont pas les siens et de rendre tout ça vrai."
Le texte plutôt que le personnage
"Ce n'est pas le personnage qui est le plus important, c'est la parole. Est-ce que la parole est valable, cette question on peut se la poser sans arrêt, pendant toute une vie, et elle ne trouve pas forcément une réponse."
L'oubli de soi
"La personnalité de l'auteur au théâtre est tellement majestueuse, puissante quand il s'agit de très grandes figures, que ce soit Pinter ou Molière... Nous, qu'est-ce qu'on fait là ? On ne fait qu'essayer de comprendre, essayer de porter la parole le plus docilement possible, la pensée de l'auteur et non pas la pensée de ce qu'on en pense. C'est l'oubli de soi qui est le plus important."
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