Le danseur Mikhail Baryshnikov rend hommage sur scène à Vaslav Nijinski
Dans une mise en scène de Bob Wilson, Mikhail Baryshnikov joue "Letter to a man" au Théâtre de la Ville, à Paris. Une pièce librement adaptée des écrits de Vaslav Nijinski, considéré comme le plus grand danseur de l'histoire.
C'est un sommet de la danse qui en rencontre un autre. À 68 ans, le danseur étoile Mikhail Baryshnikov interprète Letter to a man jusqu'au 21 janvier 2017 au Théâtre de la Ville de Paris. Mise en scène par l'Américain Bob Wilson, la pièce s'inspire des Cahiers écrits par Vaslav Nijinski (1889-1950), considéré comme le plus grand danseur de tous les temps.
Dans ces textes, dont la rédaction remonte à 1918, le Russe a 29 ans. Sa carrière fulgurante est déjà finie. Celui qui a révolutionné la danse sombre dans la folie. Installé en Suisse avec sa famille, il noircit des carnets avant de s'enfermer dans le silence. Vaslav Nijinski évoque sa relation amoureuse tumultueuse avec Serge de Diaghilev, directeur des ballets russes. Il parle également de Dieu, de la guerre, de sa mère. On y sent la peur d'un homme dépassé par son propre génie.
Un point de vue plus qu'un portrait
Mikhail Baryshnikov a lu les cahiers quand il avait 20 ans, toujours fasciné aujourd'hui par leur force littéraire. "Nijinski essaie de s'éloigner de cette confusion et de sa folie", estime t-il. Dans ces Cahiers, le New Yorkais d'origine lettone a été interpellé par la mégalomanie du prodige russe, notamment dans sa relation à Dieu : "Il écrit : 'Je n'ai pas peur de chuter, car je sais que Dieu ne le veut pas. Il me soutiendra.'"
Seul sur scène, Mikhail Baryshnikov se plie aux règles du théâtre de Bob Wilson : gestuelle de mime, visage maquillé de blanc, flash de lumières. La mise en scène joue sur l'évocation et les répétitions. Le but avoué est de tordre le réel pour mieux en extraire l'essence. "On ne voulait pas faire le portrait de Vaslav Nijinski comme individu, précise Baryshnikov. Le point de vue de Bob Wilson, c'est d'évoquer sa voix et la dualité du bien et du mal dans la même personne."
Si ce rôle, mêlant théâtre et danse, n'impose pas la même exigence physique qu'un grand ballet, Mikhail Baryshnikov continue d'émerveiller. "Je ne veux pas que les gens attendent de moi que je fasse des sauts", concède t-il. Reste que le moindre geste, le moindre pas de danse de salon esquissé prouve qu'à 68 ans, il est encore une étoile.
Letter to a man de Bob Wilson avec Mikhail Baryshhnikov au Théâtre de la Ville-Espace Pierre-Cardin à Paris, jusqu'au 21 janvier 2017.
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