Cet article date de plus d'onze ans.
La Femen tunisienne retenue par sa famille vit dans la crainte des islamistes
La jeune tunisienne cachée depuis la diffusion de photos d'elle seins nus est apparue samedi dans un reportage de Canal Plus où elle dit craindre les représailles en Tunisie de groupes islamistes après avoir reçu des menaces de mort et être retenue contre son gré par sa famille.
Publié
Temps de lecture : 3min
Identifiée sous le nom d'Amina Tyler, la jeune fille avait fait scandale en publiant mi-mars des clichés d'elle la poitrine nue barrée des mots "mon corps m'appartient, il ne représente l'honneur de personne" ou encore "Fuck your morals", reprenant le mode d'action du groupe féministe Femen.
Enfermée par sa famille par "protection"
Les rumeurs sur sa disparition et sur les éventuels représailles de groupes salafistes en Tunisie avaient déclenché un mouvement de solidarité dans le monde entier. Une équipe de l'agence CAPA TV travaillant pour l'Effet Papillon, l'émission de reportages diffusée samedi par Canal Plus, a pu rencontrer la jeune fille jeudi soir dans une maison située "à 3 h de Tunis" où elle vit avec sa famille. Elle y apparaît fatiguée, apathique, sous le contrôle étroit de sa famille qui la retient contre son gré mais pour sa protection.
Après la publication des photos, "ma famille m'a trouvé dans un café", déclare-t-elle. "Ils m'ont conduit à la maison. Mon cousin a cassé la puce de mon téléphone. Il m'a frappée. Et après, je suis restée dans ma famille puis on a déménagé dans cette ville", témoigne-t-elle. Avez-vous été obligée de rester dans votre famille ? "Oui, bien sûr". Le vouliez vous ? "Non". Amina affirme avoir reçu des menaces par téléphone et sur son compte Facebook. "Tu vas mourir", "On va jeter de l'acide sur ton visage".
"Je dois quitter la Tunisie"
"J'ai peur pour ma vie et la vie de ma famille. Il y a beaucoup de rumeurs sur ce que les islamistes et les salafistes veulent faire contre moi", souligne-t-elle, expliquant vouloir "quitter la Tunisie, (sa) famille, les menaces". "J'espère continuer mes études à l'étranger", ajoute la jeune fille aux cheveux courts, évoquant l'impossibilité de poursuivre ses études en Tunisie et son rêve de devenir "journaliste et aider les Femen d'une façon ou d'une autre".
"Femen jusqu'à 80 ans"
La Tunisienne continue à soutenir les Femen mais critique l'action menée mercredi à Paris par trois Femen qui ont brûlé un drapeau frappé de la profession de foi musulmane (chahada) devant la Grande mosquée de Paris. "Je suis contre", dénonce-t-elle, soulignant que les Femen ayant écrit son nom sur leur corps, cela peut lui "faire du mal en retour". "Elles n'ont pas insulté un certain type de musulmans, les extrémistes, mais tous les musulmans", déplore Amina.
"Tout le monde va penser que j'ai encouragé ce genre de choses. C'est inacceptable", dit-elle. Amina dit ne pas regretter son engagement et prévient qu'elle reste et demeure une Femen. "Je le serai jusqu'à 80 ans", dit-elle, affichant son soutien à ces "vraies féministes". En théorie, elle s'expose par son geste à des poursuites pour "atteinte aux bonnes moeurs", un délit passible de six mois de prison.
Défense des droits des femmes tunisiennes
Femen, un groupe de féministes ukrainiennes désormais installé à Paris et qui a fait des émules dans plusieurs pays du monde, est connu depuis 2010 pour ses actions "topless" pour dénoncer le sexisme, l'homophobie, la prostitution et la religion.
Les Tunisiennes disposent depuis les années 1950 des droits les plus avancés dans le monde arabe, mais de nombreuses inégalités demeurent surtout en matière d'héritage. Les associations féministes accusent régulièrement les islamistes d'Ennahda au pouvoir de chercher à s'attaquer aux acquis des Tunisiennes.
Les rumeurs sur sa disparition et sur les éventuels représailles de groupes salafistes en Tunisie avaient déclenché un mouvement de solidarité dans le monde entier. Une équipe de l'agence CAPA TV travaillant pour l'Effet Papillon, l'émission de reportages diffusée samedi par Canal Plus, a pu rencontrer la jeune fille jeudi soir dans une maison située "à 3 h de Tunis" où elle vit avec sa famille. Elle y apparaît fatiguée, apathique, sous le contrôle étroit de sa famille qui la retient contre son gré mais pour sa protection.
Après la publication des photos, "ma famille m'a trouvé dans un café", déclare-t-elle. "Ils m'ont conduit à la maison. Mon cousin a cassé la puce de mon téléphone. Il m'a frappée. Et après, je suis restée dans ma famille puis on a déménagé dans cette ville", témoigne-t-elle. Avez-vous été obligée de rester dans votre famille ? "Oui, bien sûr". Le vouliez vous ? "Non". Amina affirme avoir reçu des menaces par téléphone et sur son compte Facebook. "Tu vas mourir", "On va jeter de l'acide sur ton visage".
"Je dois quitter la Tunisie"
"J'ai peur pour ma vie et la vie de ma famille. Il y a beaucoup de rumeurs sur ce que les islamistes et les salafistes veulent faire contre moi", souligne-t-elle, expliquant vouloir "quitter la Tunisie, (sa) famille, les menaces". "J'espère continuer mes études à l'étranger", ajoute la jeune fille aux cheveux courts, évoquant l'impossibilité de poursuivre ses études en Tunisie et son rêve de devenir "journaliste et aider les Femen d'une façon ou d'une autre".
"Femen jusqu'à 80 ans"
La Tunisienne continue à soutenir les Femen mais critique l'action menée mercredi à Paris par trois Femen qui ont brûlé un drapeau frappé de la profession de foi musulmane (chahada) devant la Grande mosquée de Paris. "Je suis contre", dénonce-t-elle, soulignant que les Femen ayant écrit son nom sur leur corps, cela peut lui "faire du mal en retour". "Elles n'ont pas insulté un certain type de musulmans, les extrémistes, mais tous les musulmans", déplore Amina.
"Tout le monde va penser que j'ai encouragé ce genre de choses. C'est inacceptable", dit-elle. Amina dit ne pas regretter son engagement et prévient qu'elle reste et demeure une Femen. "Je le serai jusqu'à 80 ans", dit-elle, affichant son soutien à ces "vraies féministes". En théorie, elle s'expose par son geste à des poursuites pour "atteinte aux bonnes moeurs", un délit passible de six mois de prison.
Défense des droits des femmes tunisiennes
Femen, un groupe de féministes ukrainiennes désormais installé à Paris et qui a fait des émules dans plusieurs pays du monde, est connu depuis 2010 pour ses actions "topless" pour dénoncer le sexisme, l'homophobie, la prostitution et la religion.
Les Tunisiennes disposent depuis les années 1950 des droits les plus avancés dans le monde arabe, mais de nombreuses inégalités demeurent surtout en matière d'héritage. Les associations féministes accusent régulièrement les islamistes d'Ennahda au pouvoir de chercher à s'attaquer aux acquis des Tunisiennes.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.