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Intermittents : la semaine de tous les dangers pour les festivals

Les festivals d'Aix et d'Avignon, qui s'ouvrent cette semaine, risquent d'être très fortement perturbés par le conflit des intermittents, même si le spectre d'une annulation complète semble s'éloigner, le mouvement étant très divisé.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Manifestation d'intermittents à Marseille le 26 juin 2014
 ( Valérie Vrel / PHOTOPQR/ LA PROVENCE)

Temps forts de la saison culturelle, Aix-en-Provence, premier festival d'opéra de France, doit ouvrir mercredi avec "La flûte enchantée" et Avignon vendredi avec "Le prince de Hombourg". Jouant sur le poids symbolique du plus emblématique des festivals de l'été, la CGT-Spectacle, qui a déposé un préavis de grève sur l'ensemble du mois de juillet, a appelé à une "grève massive" le 4, pour l'ouverture des festivités dans la cité des Papes. 

Des intermittents tiraillés

Mais sur le terrain, des dissensions de plus en plus fortes sont apparues ces derniers temps entre des intermittents pris entre deux feux : la volonté de maintenir la pression sur le gouvernement d'une part et la peur de mettre en péril une période essentielle pour leur secteur d'autre part. A Avignon, les assemblées générales se multiplient, sans que le personnel se soit encore prononcé sur la forme à donner à la mobilisation.

Un vote devrait finalement intervenir lundi et être rendu public le lendemain. A Aix, les salariés ont voté à près de 80% contre la grève. Mais "ce scrutin (qui) traduit notre souhait d'assurer le bon déroulement de cette édition 2014, n'exclut pas l'éventualité d'une grève sur certaines représentations", ont-il averti vendredi dans un communiqué. Les directeurs des deux festivals sont déterminés à ne pas prononcer l'annulation des éditions, comme cela avait été le cas en 2003 lors du précédent mouvement d'ampleur des intermittents.

Expectative

Mais nul ne sait pour le moment combien de spectacles auront lieu et dans quelles conditions. "On est face à deux risques, un risque de l'intérieur (du festival) si un petit groupe de 10 à 15 personnes fait la grève, ce qui suffit à mettre un spectacle en difficulté" et "l'irruption de groupes extérieurs" perturbant ou empêchant les spectacles, a expliqué à l'AFP le directeur d'Aix Bernard Foccroulle.

Ce scénario a déjà été à l'oeuvre lors de plusieurs festivals de moindre ampleur depuis début juin, qui ont été entrecoupés de blocages et d'annulations ponctuelles comme à Rio Loco (Toulouse), Montpellier Danse, Orléans'Jazz... Dans un tel contexte, la plupart des directeurs de festivals négocient avec les intermittents pour tenter d'afficher leur solidarité tout en limitant au maximum les répercussions sur les spectacles : grandes banderoles comme au Hellfest le week-end dernier, mise en avant du travail des intermittents comme au Rock dans tous ses Etats (Evreux), prises de parole...

L'enjeu est d'importance. "L'annulation de manifestations, ou leur grave perturbation, met en péril nombre de festivals ainsi que toute l'économie d'un secteur déjà fragilisé", a prévenu dans un communiqué la fédération France Festivals, disant sa "vive inquiétude". Signe du flottement, la CGT-Spectacle, fer de lance du combat côté syndical, a adopté un discours plus nuancé ces derniers jours, soulignant que la décision de faire grève appartenait aux intermittents sur le terrain et mettant l'accent sur les avancées déjà obtenues.

La justice pourrait bouleverser la donne

La nouvelle convention d'assurance-chômage, qui durcit les conditions d'indemnisation des professionnels du spectacle et qui est au centre de la contestation, doit entrer en vigueur mardi. Mais tout en donnant son agrément au texte, le gouvernement a ouvert une concertation sur le dossier, en prenant en compte certaines des revendications des intermittents.

La mission, confiée au député (PS) Jean-Patrick Gille, à l'ancien directeur du Travail Jean-Denis Combrexelle et à l'ancienne codirectrice d'Avignon Hortense Archambault, a entamé ses travaux cette semaine et doit rendre ses conclusions avant la fin de l'année. D'ici là, la justice pourrait bouleverser la donne. Elle doit se prononcer mardi sur la validité de l'accord sur l'assurance-chômage, dont la CGT a demandé la "nullité" en dénonçant la "déloyauté" des signataires (patronat, CFDT, FO et CFTC) lors des négociations.


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