Intermittents : grève reconduite à Montpellier
Les grévistes ont voté à 53 voix pour la poursuite de ce mouvement destiné à protester contre la nouvelle convention d'assurance chômage, 31 contre et 15 se sont abstenus, a précisé une source proche de la direction du Printemps des comédiens.
Selon la même source, un conseil d'administration est programmé vendredi matin pour décider ou non de l'arrêt du festival, initialement prévu jusqu'au 29 juin, en raison des pertes que les annulations ont déjà provoquées. Officiellement cependant, ce conseil d'administration doit simplement "étudier la situation".
Après l'annulation du spectacle inaugural "Vader (père)", programmé mardi et mercredi, "Foi, amour, espérance", une pièce mise en scène par Katia Ferreira, ne pourra se jouer jeudi soir, de même que "Sinergio" de l'école de cirque Balthazar, annoncent les organisateurs sur le site internet du festival.
La CGT avait adressé lundi un ultimatum au gouvernement, lui demandant de "ne pas agréer l'accord du 22 mars" qui "n'apparaît pas à la hauteur d'une réforme progressiste et ambitieuse de l'intermittence". En l'absence de réponse, le syndicat a lancé une grève reconductible menaçant ce premier festival de l'été.
La nouvelle convention d'assurance chômage instaure un système de "droits rechargeables" mais durcit le régime des intermittents et des cadres. Transcription de l'accord conclu le 22 mars par trois centrales (CFDT, FO, CFTC) et les employeurs (Medef, CGPME, UPA), elle doit entrer en vigueur le 1er juillet après avoir obtenu l'agrément du ministère du Travail.
Les intermittents réclament la réouverture de négociations sur la base des propositions du comité de suivi rassemblant des représentants des intermittents, des entreprises du spectacle et des parlementaires.
Anne Hidalgo interpelle le gouvernement
La veille, mardi, la maire (PS) de Paris Anne Hidalgo a demandé au ministre du Travail François Rebsamen de "rouvrir la discussion" sur la réforme du régime d'assurance chômage des intermittents, dans un courrier.
"Cet accord ne me semble pas à la hauteur d'une réforme progressiste et nécessaire du statut de l'intermittence (...) C'est pourquoi il m'apparaît nécessaire, Monsieur le ministre, de rouvrir la discussion avec l'ensemble des partenaires afin de parvenir à un accord pertinent et efficace au service d'un spectacle vivant de qualité et dynamique", écrit la maire PS dans ce courrier daté du 4 juin.
"Je partage l'inquiétude (des intermittents) sur les risques que cet accord ne résolve pas les problèmes de précarisation des artistes et des professions du spectacle, et même qu'il tend à les aggraver. Je regrette par ailleurs que les propositions discutées par les professionnels et les représentants des employeurs, dans le cadre d'un comité de suivi représentatif, n'aient pas été prises en compte", explique l'ancienne secrétaire nationale du PS chargée de la culture.
Les associations de chômeurs et la CGT militent contre cette convention qu'ils jugent trop défavorable aux chômeurs, mais le ministre du Travail François Rebsamen a dit à plusieurs reprises son intention de ratifier l'accord.
"Cet accord sauvegarde le régime d'indemnisation des intermittents dont l'existence même était gravement menacée par le Medef depuis 2003" et "garantit l'essentiel des droits à l'indemnisation des intermittents et protège notamment les plus précaires d'entre eux", a-t-il notamment déclaré mecredi à l'Assemblée.
Convention agréée "dans la dernière semaine de juin"
La nouvelle convention sera agréée par le gouvernement "dans la dernière semaine de juin" pour une entrée en vigueur le 1er juillet, a-t-on appris jeudi auprès du ministère du Travail. Le ministère exclut de reporter l'application des nouvelles règles d'indemnisation chômage des intermittents.
Le ministre du Travail a toutefois annoncé mercredi à l'Assemblée nationale qu'il prendrait, en partenariat avec la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, "des initiatives pour renouer le dialogue avec les intermittents". Ces initiatives auront lieu "dans les prochains jours", assure-t-on au ministère, sans préciser leur contenu.
"L'agrément n'empêche pas qu'il y ait des sujets de discussion et de dialogue avec les différents acteurs pour voir les thèmes que l'on peut approfondir", ajoute-t-on.
"Le paramétrage de l'indemnisation chômage n'est pas le seul sujet, poursuit-on. De manière générale, on a un gros travail à faire sur le sujet de la précarité dans le secteur de l'intermittence."
La nouvelle convention, qui durcit aussi le régime des cadres mais introduit des "droits rechargeables", doit permettre à l'assurance chômage d'économiser près de 2 milliards d'euros d'ici fin 2016.
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