Laurent Gerra célèbre 25 ans de carrière
L'imitateur, 46 ans, a été révélé au début des années 1990 à la télévision - chez Jacques Martin, puis Michel Drucker - après des débuts sur les planches à Lyon, en 1989. Il s'est depuis imposé comme le "clone vocal" de plus d'une centaine de personnalités, dont Céline Dion (et son "R'né") et Francis Cabrel, des scènes de spectacle aux studios de RTL, où il officie depuis 2001.
Interview : Laurent Delahousse
"C'est un trapéziste du larynx. Il a des cordes vocales asymétriques, un don de la nature. Ça lui donne plus de souplesse dans la voix", explique l'humoriste Albert Algoud, un de ses co-auteurs.
"Je ne suis pas un besogneux. Je travaille beaucoup inconsciemment. Mais pour certaines voix, ça peut prendre un an", explique Laurent Gerra, qui dit s'être entraîné dans sa jeunesse en imitant Guy Lux, Sacha Distel et ses profs.
"Il y a des imitateurs qui s'enregistrent et se réécoutent pour approcher la voix au plus près. Laurent, lui, ne travaille absolument pas" de cette façon-là, confirme Albert Algoud.
Laurent Gerra et les politiques
Laurent Gerra s'estime bien aidé par les politiques - "ils disent tellement de conneries". En période de "marasme", il considère l'humour comme un exutoire.
Transformiste vocal, il adopte aussi les tics et expressions de ses "victimes", dont François Hollande, "un personnage à la Chaplin", dit-il. Dans son dernier spectacle, il le mime sept minutes durant, sans prononcer le moindre mot. Il enfile pour l'occasion des lunettes de vue et un casque noir, référence directe à l'affaire Gayet. Vulgaire ou rabelaisien ?
L'homme, qui imite volontiers Johnny, DSK, Sarkozy ou Patrick Sébastien, descend parfois en dessous de la ceinture, quitte à se faire taxer de vulgarité. "C'est un personnage rabelaisien. Il n'est pas vulgaire, ni grossier : il est gaulois", le défend Jacques Pessis, journaliste ami de l'humoriste depuis vingt ans.
Ses sketchs à la radio ne plaisent pas à tous. "Y'a du courrier quand il parle du Pape", reconnaît Jacques Pessis. Laurent Gerra accroche les lettres d'indignés sur les murs de son bureau. "Mais je reçois plus de tapes dans le dos amicales que de menaces", assure-t-il.
Reportage: D. Poncet / M. Hauville / L. Crouzillac / S. Lacombe Artiste de music-hall
Touche-à-tout, Laurent Gerra reste fidèle à la scène, "base du métier". "Je suis toujours un peu dans ma valise. Je ne me suis jamais arrêté de tourner", souligne-t-il, disant s'inscrire dans la tradition du music-hall. Parmi ses références, l'acteur et crooner américain Dean Martin.
L'humoriste dit adorer la radio et son imaginaire. "Il faut se méfier de la télévision. Si les gens vous voient trop, vous ne remplissez plus les salles", assure-t-il. "J'ai toujours fait attention à ne pas faire trop d'émissions, ou alors des séquences très courtes", explique l'humoriste.
Laurent Gerra dit ne pas regarder ce que font ses concurrents, pour ne pas être influencé ou se faire accuser de plagiat. Il assure aussi ne pas regarder ce que les réseaux sociaux disent de lui : "C'est un bon bouclier, ça évite de réagir", croit-il. D'ailleurs, le quadragénaire n'est pas adepte des nouvelles technologies. Il n'a pas d'ordinateur, confient ses proches. Lui s'en amuse : "J'ai envoyé trois mails dans ma vie, ils ne faisaient pas plus de cinq mots".
Il raille la "génération bras tendus", le smartphone greffé à la main. Sur son temps libre, lui préfère se reposer à la montagne, même s'il trouve le temps de préparer de nouveaux projets.
Ses projets
Cet été, il a tourné dans son premier long métrage, un film de Christian Carion sur la Seconde Guerre mondiale dont nous avions déjà parlé sur Culturebox. Un deuxième a déjà suivi, et d'autres devraient venir: "J'ai reçu des scénarios. Ils sont pas mal", lâche-t-il dans un sourire.
Laurent Gerra est en tournée en France.
Il sera du 23 au 27 décembre au Palais des Sports de Paris et terminera son tour de France à Lyon en novembre 2015.
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