Jamel Debbouze à la conquête de Broadway
En plein coeur du quartier paillettes et multicolore de Times Square, le théâtre Town Hall accueillait ce soir-là l'avant-dernière représentation en Amérique du Nord du spectacle "Tout sur Jamel", après Los Angeles, San Francisco, Boston ou Montréal et avant Miami dimanche.
Dès le début du "show", chaussettes blanches et blouson de cuir noir, un pantalon de style treillis remonté aux chevilles, Jamel Debbouze, 37 ans, s'est précipité sur la scène à petits sauts, l'air conquérant et un peu ému.
Face à lui, une salle archipleine où les quelque 1.500 spectateurs de tous âges étaient presque unanimement francophones, le plus souvent français.
J'ai l'impression d'avoir réussi ma vie : on est à New York, quand même !
Admirateur depuis ses débuts des grandes étoiles du "stand up" à l'américaine, comme Eddie Murphy ou Richard Pryor, qu'il cite volontiers, le comédien français a fait partager, à sa manière, son frisson. "J'ai l'impression d'avoir réussi dans la vie ! Même si je joue essentiellement devant des Arabes ou des Bretons, on est à New York quand même !", a-t-il plaisanté.
Abordant tour à tour, d'un ton badin puis plus intime, la religion, son enfance heureuse mais à la "dèche" à Trappes, dans la banlieue parisienne, son coup de foudre pour sa femme, la journaliste Mélissa Theuriau, et la paternité, l'humoriste a aussi tenté de saisir l'identité new-yorkaise.
"Oh my Ghost!", "Don't bouge!", "You reponding"... Pendant presque deux heures, dans un français mâtiné d'un anglais sommaire et comique, mais aussi de darija, l'arabe dialectal marocain, le comédien a su rencontrer la bonne humeur de son public new-yorkais.
C'est l'Immigrie, ici
"C'est l'Immigrie (le pays des immigrés, ndlr) à New York, je suis tombé ici sur un Chinois qui m'a parlé arabe: ‘Salam alaikum’ mon frère !" glisse-t-il en riant. Et de lancer au public: "Vous êtes beaux, c'est beau le mélange, vous me faites penser aux familles qu'y a sur les shampoings !"
Alex Mabred, un jeune Français de la banlieue parisienne, installé depuis presque six ans à New York où il travaille dans le cinéma "en pleure presque": "Jamel, j'aime son freestyle, son côté rien à f..., tu peux pas être aussi drôle sans être honnête."
"Il dégage une bonne énergie qui donne envie de se décrisper tout en restant des citoyens vigilants", remarque de son côté Camille Maréchaud, à la sortie.
Jamel Debbouze ravi de sa tournée à l'étranger
Au-delà de New York, pour Jamel Debbouze, qui s'apprête à terminer sa tournée sur plusieurs continents, de Dakar à Abidjan en passant par l'Espagne, le Canada et bientôt l'Algérie et le Liban, cette virée parmi les francophones de tous les pays est "une très agréable surprise", confie-t-il après le spectacle.
"Les gens sont très heureux de t'accueillir parce que t'es l'un des leurs. A l'extérieur, on est ensemble, c'est à l'intérieur que c'est plus compliqué."
En réponse à cet artiste qui dit avoir "eu peur de ne pas être à la hauteur de l'endroit, des gens et du métier, parce qu'on est à Broadway", Souley Oumarou, résident américain originaire du Niger, et grand fan des shows en solo à l'américaine, tient à le rassurer, en anglais. "C'est assez dingue de voir quelqu'un de France venir faire un show ici et le faire si bien, en engageant le spectateur. Il faudra qu'il revienne... avec de nouvelles blagues."
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