Hassan de Monaco, un humoriste élevé au pays du bling bling
Arrivé à Monaco à l'âge de trois mois, ce trentenaire, infirmier anesthésiste dans la vie, s'est donné comme règle de ne parler que de ce qu'il aime : pas de politique, rien sur la famille princière, mais quelques vérités sur Monaco, ses faux HLM (de très beaux logements attribués aux foyers monégasques), ses policiers à chaque coin de rue payés à renseigner les touristes....
"La Principauté, c'est comme ma famille, c'est un truc que j'ai envie de sublimer dans mes spectacles. L'idée est que les gens comprennent que je me sens hyper chanceux." Parler du prince Albert II ? "Si un jour je le rencontre, qu'on discute et que je trouve un angle qui me fait rire sans donner une image négative, je le ferai", assure-t-il.
"L'Arabe du 98, les gens ne vont peut-être pas comprendre ! Nous, on voit ce que ça veut dire, c'est notre code postal" (98000), s'amuse le président du Conseil national, le Parlement monégasque, Stéphane Valeri. "On est tellement caricaturés pour le bling bling, les gros bateaux... qu'on en rit nous aussi. Mais il n'y a pas que des milliardaires à Monaco : Hassan est représentatif de cette population normale qui vit en Principauté".
"L'un des rares Arabes de Monaco"
Représentatif, Hassan ? Sans doute un peu, avec son physique de gendre parfait et son côté "bien élevé" décrit par la responsable d'une association qui l'a eu comme éducateur. Hassan Moukfi, de son vrai nom, a toujours un passeport marocain, doublé d'une carte de résident monégasque. Lui-même explique qu'il est "l'un des rares Arabes de Monaco", "un vrai, pas de Dubaï!", dit-il, élevé par un père obsédé par sa réussite, mettant des costumes pour chaque réunion de parents d'élève et veillant à ce que son aîné fréquente le petit Pierre-Emmanuel, fils d'ambassadeur, ou du moins seulement les bons élèves. "Mon père me disait toujours d'abord tu as le bac, et après, tu fais ce que tu veux !, puis d'abord, tu as un métier !, puis d'abord tu as ta maison et là j'ai commencé vraiment la scène", raconte Hassan.Dans son spectacle, très autobiographique et largement remanié depuis 2016, Hassan joue beaucoup de ses origines dans la veine des pros du stand-up, Jamel Debbouze ou Thomas N'Gijol. Il mime son père au volant du Trafic ramenant la famille au Maroc chaque été, ou prodiguant des conseils de grammaire incongrus. Dans un sketch, il introduit la princesse Stéphanie mais au final se gausse plus de son cher papa, très ému de prendre son fils en photo à côté d'elle lors d'une remise de diplôme : "Dans ma famille au Maroc, tout le monde pense que je suis quelqu'un de très très haut placé!", se marre-t-il.
Xavier Lebreton, président des Estivales du Rire à Dinard en Bretagne, prend date pour le prochain spectacle : "Il y a encore du boulot, sur l'écriture et sur le rythme, c'est normal. Mais il a un truc en plus, il est sympa et sincère".
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