Coluche : 35 ans après sa mort, redécouvrez le chansonnier derrière l'humoriste
À l’occasion des 35 ans de la disparition de Coluche, samedi 19 juin, petit tour d’horizon de ses différentes facettes musicales.
Il est sans doute l’un des humoristes français les plus célèbres, sinon le plus célèbre de tous. Sa verve sarcastique a fait rire des millions de Français et aussi grincé des dents les élites, pendant plus de 10 ans. Le 19 juin 1986, Coluche partait pour sa dernière virée à moto. Si tout le monde se souvient de ses sketches devenus cultes, de L’histoire d’un mec aux publicités pour la lessive, en passant par l’inénarrable père de Gérard, ses qualités de musicien et chansonnier restent moins ancrées dans la mémoire collective.
Plus qu'un comédien, un saltimbanque
Pourtant, à l’instar d’un Raymond Devos et même si leur humour était très différent, Coluche était une vraie incarnation de l’esprit saltimbanque. Humoriste certes, mais aussi acteur, auteur. Et surtout, il ne pouvait se passer de musique dans ses spectacles. Et forcément, quand Coluche jouait de la musique, c’était de manière peu académique. La lettre à Elise de Beethoven à la trompette ou Jésus que ma joie demeure de Bach au violon, façon fanfare dissonante, voilà qui pourrait ressembler à une fanfaronnade. Mais cela exige tout de même la maîtrise de l’instrument. Et que dire de son interprétation du Temps des cerises au violon avec des gants de boxe ?
La musique comme élément humoristique
Au-delà de la performance technique et iconoclaste, la démarche de Coluche témoignait d’une grande poésie et d’un amour de la musique. Il était toujours accompagné de ses amis musiciens, avec qui il partageait à la fois des interprétations de classiques mais aussi des dialogues souvent surréalistes. Des camarades de jeu au double sens du terme. Les instruments eux-mêmes étaient d’ailleurs souvent l’objet de plusieurs répliques. "Non mais tu as vu de quoi tu joues toi d’abord ?" Et Coluche savait mieux que quiconque nous expliquer le cheminement de l’air dans une trompette.
La guitare, la trompette, le violon… en plus de jouer de multiples instruments, Coluche n’hésitait pas à pousser la chansonnette, la plupart du temps sur des textes et musiques de son cru. Comment oublier l’incontournable Misère et son lot d’aphorismes improbables : "Quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent d’en acheter pour que ça se vende pas !"
Des chansons drôles et tendres
La chanson canadienne et son incessant "j’y ai dit viens", le faussement romantique Oh ! Ginette ou Stéphane Maréchal se retrouvant "adossé face au monde" rivalisaient d’absurdité et d’ironie. Tandis que le Blues in Clermont Ferrand ou Je veux rester dans le noir affichaient l’amour de Coluche pour le rock ou le blues.
Au-delà de ce qui pouvait apparaître comme des chansonnettes destinées à des sketches, l’humoriste en salopette avait aussi écrit des textes où il délivrait sa vision de la vie. Sois fainéant (ou conseil à un nourrisson) et son ode à l’oisiveté s’inscrivait dans un esprit entre Boris Vian et Georges Brassens.
Il partageait également avec son grand ami Renaud la passion des mots et des mélodies. On ne sait si plusieurs calembours figurant dans les textes du chanteur énervant ont inspiré Coluche ou si c’était l’inverse. La pépette qui "était bonne et en plus était bonne (elle était boniche !)" naviguait entre les chansons du parolier des Autos tamponneuses, et l’auteur de La Politesse.
Coluche a même écrit une chanson pour Renaud : Soleil immonde, figurant sur l'album Le retour de Gérard Lambert en 1981. Et le chanteur ne manquait pas de rappeler que le morceau était signé de son ami quand il l’interprétait en concert.
Son ami à qui il a dédié Putain de camion, après cet accident de moto le 19 juin 1986. C’était il y a 35 ans. Coluche nous manque. Ses sketches, mais ses chansons aussi.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.