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Dieudonné expulsé de la Main d'Or : la cour d'appel confirme le jugement

La cour d'appel de Paris a validé mercredi le jugement d'expulsion du polémiste Dieudonné du théâtre parisien de la Main d'Or, non loin de la Bastille, et qui a été son bastion pendant presque quinze ans. Par ailleurs, la justice l'a condamné pour antisémitisme pour son spectacle "La bête immonde".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le Théâtre de la Main d'Or, à Paris, en janvier 2014
 (Delphine Goldsztejn / PhotoPQR / Le Parisien)

Cette expulsion avait été ordonnée en septembre 2015 par le tribunal de Paris, en épilogue à un long bras de fer qui opposait Dieudonné aux propriétaires de la salle, ces derniers arguant alors de questions juridiques et immobilières. La décision est exécutoire et peut donc être appliquée immédiatement.

En outre, la justice condamne la société Bonnie production, titulaire du bail, à payer 280.660 euros au titre d'arriérés locatifs, a déclaré à l'AFP l'avocate des propriétaires, Dominique Cohen Trumer.

Un pourvoi en cassation ne serait pas suspensif

L'avocate de Dieudonné M'bala M'bala, Isabelle Coutant-Peyre, a pour sa part indiqué à l'AFP qu'elle envisageait un pourvoi en cassation. Mais celui-ci ne serait pas suspensif et n'empêcherait donc pas une expulsion. "C'est un homme libre. Il fera ses réunions dans des bus", a affirmé Me Coutant-Peyre.

Lors du procès, les propriétaires du théâtre, la SCI Passage d'Or, avaient mis en avant des infractions au bail. Ils avaient relevé que lorsqu'ils avaient acquis les lieux en 2011, c'était la société Bonnie Productions, gérée par Dieudonné, qui était titulaire du bail. Or, l'exploitation de la salle semblait en fait relever des Productions de la Plume, gérée par sa compagne. En outre, Bonnie Productions avait été provisoirement radiée du registre du commerce en septembre 2013, pour cessation d'activité.

Dieudonné a été condamné à plusieurs reprises pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale. Un de ses spectacles avait par ailleurs été interdit début 2014, une mesure rarissime.

Une nouvelle condamnation

Dans un autre dossier, celui de son spectacle "La bête immonde", la cour d'appel a confirmé la condamnation de Dieudonné à deux mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende pour des propos antisémites. Dans ce spectacle, présenté en 2014, le polémiste, fers aux pieds et déguisé en détenu de Guantanamo, avait discouru sur le rôle qu'il attribue aux juifs dans la traite des Noirs et ironisé sur le génocide commis par les nazis.

"C'est des gens qui ont une certaine compétence dans le dressage de nègres ; le commerce des esclaves c'était une spécialité juive au départ", déclarait-il. Il parlait du "juif, éternelle victime en pyjama". En mai 2016, le tribunal correctionnel de Paris avait déclaré Dieudonné coupable des délits d'injure raciale et provocation à la haine.

Troisième revers de cette série : Dieudonné et sa compagne Noémie Montagne devaient comparaître pour avoir exploité le théâtre de la Main d'Or sans licence entre 2012 et 2014. Ils ne se sont pas présentés au tribunal, mais le parquet a requis 1.500 euros d'amende contre le polémiste et 3.000 euros contre Noémie Montagne. Me Coutant-Peyre a dénoncé "une procédure hallucinante", visant "à piquer encore du fric" à Dieudonné, qui serait "diabolisé". Le tribunal rendra sa décision le 5 décembre dans cette affaire.

À propos du spectacle interdit à Marseille...

Enfin, le Conseil d'État se prononcera au plus tard lundi sur la représentation du spectacle "Dieudonné dans la guerre" à Marseille. La ville avait annulé le spectacle qui doit être présenté le 19 novembre, mais le tribunal administratif avait suspendu cette décision. L'avocat de la ville a plaidé devant le Conseil d'État que "la représentation nuirait a l'image" de Marseille. Les avocats de Dieudonné ont fourni un enregistrement du spectacle pour prouver qu'il ne créait pas de troubles à l'ordre public, comme cela est avancé par la ville.

Dieudonné, 51 ans, a été condamné à plusieurs reprises pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale. Il a notamment été condamné à deux mois de prison avec sursis en mars 2015, deux mois après les attentats de janvier 2015 (17 morts) pour apologie d'actes de terrorisme pour son message "Je me sens Charlie Coulibaly".

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